lundi 25 août 2008

Les WADE en question

La nouvelle colonisation économique du Sénégal :

Selon les indiscrétions publiques de son ex-Premier Ministre, maître Abdoulaye Wade, dès le début de son premier mandat, a montré la grande importance qu’il accordait à l’argent, en s’extasiant devant l’éventail des opportunités de richesses que leur révélait la prise de service dans leurs nouvelles fonctions : « cher ami, je crois que c’en est fini de nos problèmes d’argent ! » .Hélas, ce n’était pas la fin mais bien le début d’une histoire sans fin d’argent, de butins, de fonds politiques, de commissions, mais aussi de largesses et de dépenses somptuaires et de corruption ; le fils WADE dont la spécialité est la gestion de la Finance devint donc, par hérédité, par intérêt et par nécessité, l’arme fatale pour l’accumulation de la richesse au profit de la famille, Dès l’accession des Wade au pouvoir, les pays arabes amis, comme il est de tradition dans ces monarchies où tout appartient au monarque, accueillirent les nouveaux venus par des dons généreux et des subsides substantielles, vite baptisées « fonds politiques » .Les visites d’amitié dans ces royaumes et émirats aux étiquettes fastueuses firent perdre la tête aux WADE qui finirent par se prendre pour ROI et PRINCE et nos méchants journalistes y ont beaucoup contribué ; de subtiles relations furent tissées entre le DAUPHIN Sénégalais, le Commandeur des Croyants et les Altesses Emiraties, de telle sorte que petit à petit le SENEGAL devint marocain et dubaiote.
L’avènement de Maître Abdoulaye Wade en Mars 2000 a entrainé une accélération des relations d’affaires entre le Sénégal et le Maroc. Ainsi dès 2001, le Sénégal a offert au Maroc une participation majoritaire dans le capital de la compagnie AIR SENEGAL rénovée, en donnant naissance à AIR SENEGAL INTERATIONAL, une nouvelle filiale de la ROYAL AIR MAROC. La société-mère profita des portes que lui a ouvertes son partenariat avec le SENEGAL pour multiplier ses propres dessertes et assurer son développement. Au bout de cinq ans de gestion marocaine, ASI fut au bord de la faillite et le gouvernement du Sénégal fut obligé de s’engager à soutenir la compagnie et éventuellement à modifier le capital pour en détenir la majorité. Dans cette relation l’intérêt du Sénégal n’apparait pas de façon évidente. Pour le Maroc et la RAM, c’est le début d’une aventure exaltante : en 2001, la part de la RAM sur le trafic international transitant à Casablanca était de 5% , alors que les prévisions pour fin 2008 se situent à 40% ; entre temps des lignes régulières sont ouvertes entre CASABLANCA et plusieurs villes d’AFRIQUE comme LOME ,LAGOS, KANO, KINSHASA, MALABO, FREETOWN, BRAZZAVILLE, YAOUNDE et ACCRA. Mieux, l’expérience d’AIR SENEGAL INTERATIONAL semble inspirer la RAM qui veut prendre des participations majoritaires dans Air Gabon et Air Mauritanie. Qu’est ce que le SENEGAL a gagné dans tout cela ? Dans tous les cas les Sénégalais y ont perdu car les tarifs sont artificiellement maintenus à un niveau difficilement accessible par le citoyen moyen, surtout pour les billets de la Mecque dont l’exclusivité a été attribuée abusivement pour une période de dix ans à ASI
On ne peut pas être étonné des résultats obtenus par ASI lorsqu’on connait le niveau intellectuel et de responsabilité du leader de la représentation sénégalaise à la tête de cette structure. Pour Abdoulaye Wade les conseils d’administration ne sont que des strapontins financiers pour récompenser des militants zélés et non des lieux stratégiques de définition de suivi et d’évaluation des activités de gestion des sociétés et des entreprises dans lesquelles l’Etat détient une part.

Restons un peu dans le domaine des transports pour parler de la gestion de la ligne maritime Dakar –Ziguinchor : après le désastre du DIOLA, l’Etat s’orienta vers une gestion privée de la liaison maritime ; c’est ainsi qu’en 2005, il créa avec la Compagnie Marocaine de Navigation (COMANAV) ,une société dont les marocains possédaient 51% du capital, le Port de Dakar et le COSEC se partageant à égalité les 49%.Cette Société, la SOMAT, entièrement gérée par les marocains de la COMANAV, fut chargée d’assurer la liaison Dakar-Ziguinchor, grâce à la location d’un bateau , le WILLIS. Le navire coûta 60 millions de francs CFA de location par mois, avec en contre partie une subvention d’équilibre de l’Etat de un milliard par an.
Cette situation perdura avec bonheur pour les deux parties, jusqu’au moment où le SENEGAL réceptionna le nouveau navire en commande depuis 2003 dans les chantiers navals de l’Allemagne. Tout semblait indiquer une continuité de gestion avec la SOMAT, qui disposait d’une concession de 20ans, lorsque tout à coup le Président décida de confier le bateau à des Sénégalais disposant d’argent et d’expertise dans le domaine de la navigation maritime.

Pourquoi ce revirement du Président Abdoulaye Wade ? La raison il faut la rechercher dans le fait que la COMANAV a été acquise, suite à un appel d’offre, par le Groupe français CMA-CGM, entrainant l’absorption de sa filiale sénégalaise, la SOMAT. Les autorités sénégalaises qui ont dépensé 16 ,7 milliards pour la fabrication du navire avec des fonds de la KFW, de la BEI et du Sénégal, pouvaient difficilement accepter qu’une multinationale vienne recueillir les fruits de tant d’efforts consentis par les pouvoirs publics. Pour une fois la position de Wade était patriotique même si l’option finale de confier la gestion du navire à de riches hommes d’affaires nationaux bien ciblés marquait toujours une orientation intéressée. Sur cette affaire, conjuguée avec celle d’ASI, le Sénégal et le Maroc furent au bord de la rupture diplomatique, mais heureusement ils surent alors raison garder. Mais le Sénégal ne sortira pas indemne de la rupture unilatérale et abusive de la convention accordée à la SOMAT et le moindre mal serait le rachat à l’amiable de la part de la COMANAV…..mais à quel prix ?? C’est triste que ce soit toujours le Sénégal qui paie les pots cassés même lorsque ce sont nos amis marocains qui gèrent mal nos affaires associées. Tout ceci montre à quel point mon ami Abdoulaye se soucie peu des résultats de ses décisions et le règlement de ses erreurs s’effectue toujours dans la plus grande opacité.
La coopération entre le Sénégal de Abdoulaye Wade et le Maroc du Roi Muhammed VI a touché aussi le domaine bancaire. La Banque Marocaine du Commerce Extérieur, approchée et accrochée par la famille Wade, a ouvert dès le 10 Mars 2003 son bureau à Dakar. Cette banque d’affaires a été au centre de tous les montages financiers utilisés dans des opérations conduites en sous main par le fils WADE ; c’est ainsi que BMCE a été sollicitée lors de la recherche de financement du nouveau terminal à conteneurs du port de Dakar, par le lancement d’un emprunt obligataire de 30 milliards ; BMCE fut ensuite désignée comme conseiller du gouvernement du Sénégal en 2004 pour la réalisation de l’aéroport de N’diass et comme nous l’analyserons en détail, le montage opéré fut bien tortueux. Enfin en 2005 ce fut cette même banque qui fut utilisée avec le cabinet GOLDMAN SACHS, dans le cadre de l’appel d’offres international pour la désignation d’un opérateur global de télécommunication (téléphonie fixe et mobile). Au final une adjudication à 100 millions de $ US, réduite une semaine après à 90 millions par les commissions et le change défavorable, selon les explications alambiquées du pouvoir libéral. Avant de revenir sur les sujets cibles de cette rétrospective, terminons notre tour des affaires marocaines :
ONE, l’office national de l’électricité du Maroc qui détient une infime part du capital de la SENELEC depuis son aventure avec VIVENDI, vient d’obtenir une concession d’exploitation de 25 ans dans l’électrification rurale de 550 villages du nord du SENEGAL ; un consortium de BTP conduit par la société marocaine SINTRAM réalise actuellement les travaux de la route Linguère-Matam sur environ 225 km. D’autres sociétés marocaines sont ici au Sénégal dans le commerce, le négoce et les activités de pêche et même SOTHEMA, un laboratoire pharmaceutique marocain devrait ouvrir une filiale à Dakar sous le label WEST AFRICA PHARMA.
Enfin dans le domaine des banques de commerce, on ne peut pas passer sous silence la grande percée d'ATTIJARIWAFA BANK. C'est en Janvier 2005 que cette grande banque populaire commerciale marocaine conçut le projet de création d'une filiale à DAKAR, et en Juillet 2006 elle ouvrit ses premières agences au public ; dès janvier 2007 elle absorba la Banque Sénégalo-Tunisienne par l’acquisition de 66,67% de son capital ; le 21 Avril 2008 la CBAO, une des plus anciennes banques du SENEGAL céda à ATTIJARIWAFA 79,15 % de son capital, ce qui ouvre à la banque marocaine d’heureuses perspectives de développement.IL faut convenir avec moi que cette ascension fulgurante de ATTIJARIWAFA ne peut pas être le fruit du hasard et qu’une main bénie a dû assurer la facilitation et cela peut cacher bien des intérêts. Ce que le sénégalais moyen ignore c’est que nombre de ces affaires marocaines appartiennent à la famille royale qui les gère de façon privée avec l’aide de très hauts cadres compétents et sérieux, sans état d’âme; puisqu’apparemment le Sénégal n’a aucun intérêt dans toutes ces combinaisons, on peut logiquement penser que les Wade y trouvent le leur puisqu’ils en sont les instigateurs et les principaux initiateurs