mercredi 14 septembre 2011

SOS LONASE:S'IL VOUS PLAIT NE LA PRIVATISEZ PAS

SOS LONASE.

La Loi 2004-08 du O6 Février 2004 a modifié la Loi 87-23 du 18 Août 1987 portant sur la privatisation de certaines entreprises publiques, en complétant son annexe par l’adjonction de trois nouvelles entreprises publiques qui sont :

-Le Centre International du Commerce Extérieur du Sénégal (CICES),

-Le Centre Expérimental de Recherche et d’études pour l’équipement (CEREEQ),

-La Loterie Nationale Sénégalaise (LONASE).

Les rédacteurs de cette loi se sont contentés de rappeler les objectifs particuliers et conjoncturels de 1987 qui avaient poussé le législateur sénégalais à préconiser la privatisation de certains secteurs de son économie, alors que la situation de 2004 pour les entreprises ciblées n’est en rien comparable à celle de 1987. Les arguments utilisés dans l’exposé des motifs tels que « promotion de l’initiative privée, effets de la mondialisation, élargissement du cadre concurrentiel et élimination de toute entrave à l’efficacité des mécanismes de marché….. ». Tous ces arguments sont fallacieux et n’ont aucune pertinence par rapport aux sociétés visées par la loi. Et pour le démontrer, je voudrais me concentrer uniquement sur la LONASE, en articulant ma démarche autour de trois points.

1- Les objectifs poursuivis et les facteurs contemporains évoqués ne concernent pas la LONASE.

2- Le contrôle des jeux fait partie de la fonction régalienne de l’Etat.

3- La LONASE est une société d’ordre public rentable.

Il y a dans l’histoire de la LONASE une grande ironie : en effet, la LONASE a été créée comme société nationale par la loi 87-43 du 28 Décembre 1987, la même année où en sens inverse l’Etat privatisait certains secteurs de l’activité économique nationale dont il détenait la gestion, par cette fameuse loi 87-23 du 18 Août 1987 que l’assemblée a modifiée en 2004. La LONASE prenait ainsi la place d’une société d’économie mixte au sein de laquelle pourtant l’Etat était largement majoritaire par l’achat de 80% des actions de la société de loterie concédée par l’Etat à un privé français en 1966.

L’Etat du Sénégal, conscient des enjeux drainés par les jeux avait fini de prendre la mesure de l’importance et de la sensibilité de ce secteur et l’avait intégré dans le portefeuille du secteur public- Autre époque, autre réalité, les hommes d’hier semblent être plus responsables et plus perspicaces que ceux d’aujourd’hui-

Je disais donc

  1. La LONASE n’ est pas concernée par les motifs invoqués : en effet, pour le premier objectif, autonomie et responsabilisation effective des gestionnaires, la LONASE, société nationale a bien l’autonomie financière et la personnalité juridique qui confère à ses gestionnaires une grande liberté d’action ; d’ailleurs certains en ont abusé. Pour le second objectif relatif à la mobilisation et l’orientation de l’épargne publique et privée vers des investissements productifs, il appartient à l’Etat de l’impulser

dans le cadre de la LONASE qui est un réceptacle de l’épargne forcée des parieurs. Quant à la réduction ou la suppression des subventions, il faut noter que c’est à la LONASE de payer une redevance à l’Etat et non à elle de recevoir une subvention et jamais cela n’a été le cas. Le dernier point concernant l’accès au Capital des petits épargnants définit bien l’activité ludique dans laquelle la LONASE baigne quotidiennement. Aussi, aucun des motifs de 1987 ne concerne la LONASE d’aujourd’hui.

  1. Les facteurs additionnels développés pour justifier la privatisation partielle des entreprises citées dans la Loi ne peuvent pas s’appliquer à la LONASE : la promotion de l’initiative privée dans un domaine public monopolistique ne peuvent se justifier que lorsque l’activité est grevée par des contraintes que seule l’initiative privée peut lever. Or la LONASE est une société nationale anonyme de droit privé dont le Capital appartient à l’Etat à 100%. Rien donc ne s’oppose à ce qu’elle puisse se développer dans son statut actuel en usant le cas échéant de la contractualisation avec des partenaires porteurs d’idées novatrices ou propriétaires de brevets ou de biens technologiques nécessaires à son expansion. Aucun effet de mondialisation ou de régionalisation ne peut entraver le développement de la société qui est membre de l’Association Internationale des Loteries d’Etat (AILE) et de l’association africaine des Loteries d’Etat (AALE). Et d’ailleurs ce serait là pour la LONASE, une raison de plus de ne pas être privatisée. Recentrer les actions de l’Etat autour de ses missions régaliennes et de souveraineté a été certainement le fondement de la loi 87-43 du 28 Décembre 1987 autorisant la création de la société nationale de loterie car il s’agit d’un monopole d’ordre public qui doit veiller au respect d’intérêts de natures économique, éthique et social.

Il est curieux de noter que toute l’argumentation développée par les initiateurs de la loi tend à justifier non pas la privatisation des sociétés ciblées, mais leur privatisation partielle et non totale, estimant malgré tout que l’Etat doit toutefois demeurer un actionnaire minoritaire. Sans que l’on sache d’ailleurs si cette position serait ou non à incidence bloquante dans la prise de décision au sein de la société.

En regardant la liste des entreprises ciblées on se rend compte que l’objet réel de cette loi est de privatiser la LONASE et uniquement la LONASE,car les intérêts mis en jeu dans les autres sociétés sont vraiment mineurs. Et avec une participation minoritaire comment l’Etat entend-il contrôler les jeux de hasard au Sénégal, lui qui en est incapable aujourd’hui au niveau des casinos où son impuissance est criarde et au niveau de la LONASE qui lui appartient à 100% et où il est incapable de s’assurer d’une bonne gestion et d’une bonne gouvernance ?

La LONASE est une société d’ordre public rentable. La loterie est une activité qui doit être gérée par les pouvoirs publics et c’est comme cela que ça se passe dans tous les pays civilisés, peut être sauf chez les « nègres » qui sont encore incompétents ou corrompus, ou encore dans les pays de « non droit » où sévissent la guerre et le désordre. Socialistes et libéraux du monde entier sont unanimes pour reconnaître que les activités de jeux et surtout la Loterie, sont des activités d’ordre public qu’il convient de contrôler. Les cahiers de charge des jeux doivent faire l’objet de contrôle et chaque type de jeu doit faire l’objet d’une autorisation ministérielle publiée au journal officiel. La protection des joueurs et de la société incombant à l’Etat, celui-ci doit pouvoir veiller à la législation qu’il établit sur les jeux et au respect de certains principes éthiques.

Ces principes défendus par toutes les loteries nationales concernent :

- La garantie de l’intégrité du jeu et le respect du processus édicté

- La prévention des comportements non souhaitables

- La lutte contre le jeu excessif et la protection des mineurs.

Il y a beaucoup de questions sur cette privatisation minoritaire préconisée par l’Etat et dont le journal « Le Quotidien » a signalé l’imminente mise en œuvre.

D’abord la société garderait-elle son monopole sur les jeux, avec la même concession et la même redevance de 10% ? Ce serait bien juteux pour le repreneur car,

3. La LONASE est une société rentable.

Ici, il convient de revenir sur un sujet rabâché par les pouvoirs publics et relatif à un déficit de la société. La LONASE est une société structurellement rentable puisque c’est son chiffre d’affaires qui fait l’objet d’une répartition dans laquelle l’Etat, les joueurs et l’administration de la société trouve chacun son compte. Chaque fois qu’un joueur joue 100F, l’Etat perçoit 10F de redevance et un droit de timbre de 3F, le vendeur 7F, le Cheval 1F, le parieur 60F et le solde concessionnaire revenant au gestionnaire est de 19F pour le PMU. Pour les loteries, la marge reste toujours à 20% pour le concessionnaire, 10% pour l’Etat, 60% pour les parieurs et 10% pour le vendeur.

Le problème de la LONASE se trouve dans l’utilisation du solde concessionnaire qui doit couvrir tous les frais de la société : personnel, fournitures et matériels divers, communication et Marketing. De 1989 à 2004 la société a cumulé des redevances impayées à l’Etat d’un montant de quelques 22 milliards ; ses dépenses d’exploitation ayant été régulièrement supérieures à la part revenant à la LONASE, de telle sorte que celle-ci a dû régulièrement prendre la part revenant à l’Etat.

En regardant les différentes rubriques de dépenses les plus excédentaires, on a noté le personnel et les supports de jeu, mais surtout les subventions, marchés de complaisance et autres libéralités.

L’Etat a laissé faire parce que les responsables politiques ont toujours utilisé cette société pour entretenir d’une manière ou d’une autre leur clientèle politique ; la tutelle n’a jamais osé faire des remontrances au Directeur Général nommé et souvent protégé par le chef de l’Etat ou l’appareil d’Etat et, le conseil d’administration sans pouvoir et sans relief, n’a jamais pris d’initiative ou de décision dans le sens d’une bonne gouvernance.

L’autre question est de savoir si on vend la LONASE en entier ou en deux entités. Cette question est pertinente si l’on comprend que la structure nationale développe deux activités : le Pari Mutuel Urbain et les jeux de loterie.

Dans beaucoup de pays, comme le Maroc et la France, ce sont deux sociétés différentes qui gèrent ces activités qui toutes deux sont très rentables. Au Sénégal, le PMU à lui seul fait au moins 25 milliards de recettes par an, sur les 30 milliards de recette de la société. Au Maroc, la loterie à elle seule fait plus de 27 milliards de francs CFA et le PMU Maroc ne doit pas être en reste puisqu’il s’est modernisé depuis 2001. Grâce au partenariat avec Gtech pour la loterie Maroc et PMC pour le pari mutuel urbain dans le cadre du PMU France , les sociétés de jeux marocains se portent à merveille. Dans ce pays la redevance versée à l’Etat est de 20% et la loterie alimente un fonds spécial de solidarité destiné à venir en aide aux populations défavorisées. Comme l’indique le site Internet de la Loterie marocaine « La Loterie Nationale du Maroc créée en 1971 ne cesse d’évoluer et d’améliorer ses résultats. Bien qu’elle soit sous le contrôle de l’Etat, la Loterie Nationale est une société anonyme de droit privé ; ce statut lui a permis un plus grand dynamisme et lui a offert la possibilité de mener une politique d’action plus étendue. »

On voit ainsi qu’on n’a pas besoin de privatiser la LONASE pour la rendre plus performante et ses problèmes d’aujourd’hui ne sont en rien liés à son statut de société d’Etat.

En France, il y a deux sociétés différentes qui gèrent les activités de Loterie et les activités de courses. Ce sont pour la Loterie, la Française des jeux (FDJ) et pour les courses hippiques le Pari Mutuel Urbain (PMU). En 2006, ces deux sociétés ont généré 6300 milliards de FCFA de recettes avec la FDJ et 5400 milliards FCFA avec le PMU- sur ces recettes l’Etat perçoit une marge d’environ 28%- Il faut signaler que pendant ce temps, les casinos ont eu un chiffre d’affaires d’environ 12800 milliards de FCFA dans lequel l’Etat français et les collectivités locales se payent une part appréciable.

Tous les exemples cités servent à montrer que l’activité des jeux de hasard est une activité rentable.

Une autre question intéressante dans notre débat est de savoir pourquoi l’Etat a effacé la totalité de la dette de la LONASE (plus de 22 milliards), la rendant ainsi plus crédible, a autorisé l’automatisation de la prise de pari au niveau du PMU, pour ensuite se décider à la privatiser. Quel sera le prix de cession d’une société aussi juteuse et à qui la vendra-t-on ?

Ce sont là des questions essentielles dont les réponses devront fournir au peuple la preuve que ceux qui nous dirigent travaillent pour des intérêts étrangers à l’intérêt général et à l’intérêt national .Cela sent l’arnaque et la magouille à plein nez.

Je voudrais dans ce combat contre la privatisation de la LONASE renvoyer ceux que la question intéresse aux deux livres écrits par nos journalistes d’investigation Abdou Latif Coulibaly et Pape Samba Kane sur la LONASE et sur les casinos et les machines à sous.

L’un nous explique avec moult détails pourquoi la Loterie Nationale Sénégalaise n’est pas rentable pour l’Etat, alors qu’elle draine des sommes faramineuses utilisées n’importe comment au profit d’intérêts privés ; l’autre nous décrit le monde des casinos et des machines à sous et le danger qu’une bande malintentionnée d’hommes d’affaires douteux pourrait faire courir à notre économie fragile mais aussi et surtout à notre société minée à plus de 50% par la pauvreté et ternie par la corruption et la cupidité de ses dirigeants.

Dans « Loterie Nationale Sénégalaise, chronique d’un pillage organisé », Abdou Latif Coulibaly pose la vraie problématique en terme de gouvernance : « Le terrible pillage des ressources de la LONASE que nous dénonçons, les méthodes par lesquelles ceux qui en sont responsables y sont arrivés, de même que les conditions et les circonstances qui l’expliquent, posent de nouveau la question de la gouvernance d’Etat dans notre pays. »

De quelque côté qu’on regarde on est dépité : bradage du patrimoine foncier de l’Etat ou plus justement de la Nation, création de sociétés privées avec des fonds publics, rachat par l’Etat de société au Capital de provenance douteuse et bâtie sur les vestiges et le patrimoine d’une société publique, consolidée par la coopération de notre pays avec des pays amis .. etc…

Ces pratiques mafieuses de blanchiment de fonds publics et les importantes quantités de drogues qui circulent entre le Sénégal et la Guinée Bissau inscrivent notre pays sur la liste des pays louches que surveillent la Police internationale et les Organisations de lutte contre la corruption.

C’est pourquoi nous affirmons avec Pape Samba Kane dans son ouvrage » Le poker menteur des hommes politiques » : « Les promoteurs du bradage de la LONASE, qui croient à leur affaire, poursuivent toujours leurs objectifs premiers- Leurs amis des multinationales du jeu n’ont pas distribué des dessous de table à tout va pour se laisser arrêter par des lois de nègres que l’on peut faire changer en sortant son chéquier. Et apparemment, ça fonctionne dans le sens qu’ils souhaitent ».

Enfin je voudrais montrer que la société LONASE peut beaucoup s’améliorer si les pouvoirs publics prennent la peine de la soumettre au régime de droit commun des sociétés anonymes de droit privé auquel elle appartient :

Ø S’il faut ouvrir le capital pour renforcer la capacité financière de la société, tout en la maintenant dans l’optique du service public, s’orienter vers des structures telles que la Poste, l’IPRES et la Caisse de sécurité sociale par exemple et même la SICAP. L’entrée de ces sociétés dans le Capital de la LONASE enrichirait le conseil d’administration d’hommes compétents et engagés vers le développement.

Ø Une conséquence immédiate serait la réorganisation de la Direction Générale et du Conseil d’administration afin d’éviter le pouvoir solitaire d’un Directeur général politiquement engagé, et, en même temps :

-Eriger deux Directions techniques distinctes, l’une spécifiquement chargée de la gestion des loteries et l’autre étant responsable exclusivement de la gestion du Pari Mutuel Urbain (PMU)

-Développer et mettre en œuvre un programme de régénération des loteries avec notamment le Loto et ses dérivées qui peuvent rapidement accroître le chiffre d’affaires de cette activité .Ce secteur,s’il est informatisé,comme c’est le cas en France et au MAROC,pourrait rapporter plus que le PMU qui est aujourd’hui le jeu phare de la LONASE

Ø Toujours au cas où l’Etat du Sénégal serait décidé à exploiter au profit de toute la NATION ce secteur des jeux si plein de promesse,il devrait revoir la législation sur les casinos et s’inspirer de la France pour augmenter la part de l’Etat dans le pactole engendré par les jeux de casino, notamment dans le secteur des machines à sous. Ce sont des milliards que les exploitants engrangent dans ce secteur des casinos, ne laissant à l’Etat que des miettes, comme l’a si bien démontré Pape Samba Kane dans son ouvrage. Mais les pouvoirs publics en ont-ils la volonté ou même le désir ?

Chaque fois que j’entends parler de la privatisation de la LONASE, je suis malade car ce serait un crime et une trahison envers la Nation entière puisqu’il existe beaucoup d’alternatives à cette option. Cet article est l’ultime cri que je lance sur cette affaire de la LONASE et je souhaiterais que son écho se répercute à travers tous les médias et que ce combat soit celui de tout le peuple sénégalais. Je souhaite que tous les journalistes du Sénégal à l’instar de Pape Samba Kane et Abdou Latif Coulibaly le mènent avec conviction et persévérance, jusqu’à la victoire finale. Privatiser la LONASE c’est dangereux par ses conséquences car cela ouvrirait la voie, légalement, à la mafia internationale et à la dépravation de nos mœurs, mais ce serait aussi une manœuvre malhonnête qui mettrait entre les mains de tiers des ressources normalement dévolues à la Nation entière. Tous les pays du monde utilisent les résultats de leur Loterie d’Etat et les recettes publiques issues des Casinos et des jeux pour financer des programmes d’ordre public et social et apporter une assistance à la frange la plus démunie de la population. Pour quels intérêts l’Etat du Sénégal ramerait-il à contre courant ?

dimanche 11 septembre 2011

ABDOULAYE(S) QU'AVEZ-VOUS FAIT DE LA LONASE

ABDOULAYE(S), qu’avez-vous fait de la LONASE ?

Depuis l’année 2000, je suis devenu un partisan convaincu des Loteries d’Etat, opposé donc à toute idée de privatisation de la LONASE, notre Société Nationale de Jeux et je ne manque jamais les bonnes occasions pour le réaffirmer.

L’opportunité qui m’est offerte aujourd’hui c’est l’occurrence d’un évènement scandaleux porté à notre connaissance à l’occasion de la prise de service du nouveau Directeur Général de la LONASE, en avril 2011 : la LONASE serait privatisée au profit d’un groupe français !!!

Lorsque la clameur s’est éteinte, l’on s’est rendu compte qu’il s’est agi d’une manœuvre dolosive conduite par l’ancien DG de la LONASE, qui avait concédé, illégalement, le monopole d‘exploitation des jeux à une société créée avec la complicité d’un partenaire français.

Cet acte me rappelle un fait partiellement similaire que la LONASE a connu en 1999, lorsque son Directeur Général avait souscrit une convention avec la multinationale Lydia Ludique, pour la participation à hauteur de 10% au capital d’une société sénégalaise de jeux à qui la LONASE concéderait une partie de son monopole pour exploiter des machines à sou notamment. Cette initiative heurta la conscience des notables de OUAKAM et l’Etat y mit fin, à l’avènement de l’Alternance en 2000 et même entreprit des poursuites judiciaires à l’encontre du promoteur, après avoir recueilli l’avis du Conseil d’Etat qui a dénié à la LONASE et à ses dirigeants la compétence de subdéléguer la concession que lui a conférée l’Etat sur le monopole des Jeux au Sénégal. Pourtant le DG socialiste de l’époque avait obtenu l’autorisation préalable du Ministre des Finances et le Maire de Dakar Plateau était associé au Projet., même si effectivement sous cette forme la mesure était illégale, comme eut à le démontrer le Conseil d’Etat.

Dans la réalité des choses l’affaire « Lydia Ludique » n’a rien à voir avec cette opération de création de la Panafricaine des jeux par le Directeur Général de la LONASE, dans laquelle l’ex DG et ses amis possèdent 80% des parts, et à qui les responsables de la Société nationale ont concédé la totalité des prérogatives de l’entreprise dont ils ont la direction. C’est comme s’il n’y avait plus de LONASE, tout le monopole des jeux étant conféré à la Panafricaine des jeux. Quel intérêt l’Etat aurait-il à accepter une pareille transaction ? Monsieur Jean Jacques Grenier (serait-ce le « guinéen » si réputé ??), le gérant légal de cette structure, a-t-il procédé à un quelconque décaissement pour s’approprier de la LONASE et le cas échéant, qui est bénéficiaire de l’opération ?

Je ne m’attarderais pas sur cette situation qui, dans tous les cas, ne saurait prospérer, puisque dénuée de tout fondement juridique.

Ma préoccupation d’aujourd’hui est de connaître le vrai statut de la LONASE que l’Etat a abandonnée depuis des années à des pilleurs sans vergogne jamais inquiétés. Faisons ensemble une petite rétrospective :

1. La volonté des étrangers de prendre possession de la LONASE date des premiers jours de l’Alternance, lorsque d’Ajaccio Mr Michel Peretti fit parvenir à la LONASE une offre de partenariat pour une informatisation complète du PMU contre une concession globale sur ce produit. Le refus du Directeur Général de traiter avec ces Corses est peut-être une des raisons de son départ en Septembre 2001.

2. Au cours de ce même mois de Septembre 2001, les familles corses proches de PASQUA, déjà présentes au Cameroun, au Gabon et au Togo, créent la Sénégalaise des jeux et des Loisirs, dans laquelle des Autorités politiques du pays possédaient des intérêts patents. Sans attendre, la structure exploite dans les quartiers de Dakar les casinos populaires dénommés Fortunes’club.

La presse et la population s’indignent et les activités de la Sénégalaise des Jeux sont mises en veilleuse.

3. Dès l’année 2002 le DG de la LONASE décide de poursuivre le processus d’informatisation de la LONASE dont l’appel d’offres avait été déjà mené à termes en 2001 avec le choix du constructeur PMC.

PMC fut donc confirmé et le 03 Janvier 2003 démarrait à Dakar la mise en œuvre du PLR dont le réseau s’étendit progressivement dans toutes les régions, sauf KOLDA, entre 2003 et 2005.

Dans une interview parue dans le quotidien ACTUEL, le 23 MAI 2003, le Colonel Oumar Ndiaye, ancien DG de la LONASE, identifie précisément et dénonce les promoteurs des tentatives d’accaparement du secteur des jeux au Sénégal, initiateurs de la Sénégalaise des Jeux et des Loisirs.

4. Le DG de la LONASE annonce un bénéfice d’un milliard et demi pour l’année 2003 et égratigne au passage la gestion de ses prédécesseurs.

Le Colonel Ndiaye étonné par ses résultats flatteurs et vexé par les remarques désobligeantes du DG de la LONASE, fit des investigations pour connaître les vraies raisons de cette soudaine embellie. Ce qu’il découvrit le sidéra car le DG et son Conseil d’administration avaient modifié le cahier des charges de la LONASE, fixé par Décret, par une simple délibération faite par consultation à domicile.

C’est donc dans un rapport détaillé de sept pages que le Colonel Ndiaye demanda à la plus haute Autorité, le 05 Janvier 2004, que les dirigeants de la LONASE soient sanctionnés pour tricherie et falsification des comptes de leur société.

5. Les pouvoirs Publics, toujours sous la pression des investisseurs étrangers, déposèrent en ce mois de Janvier 2004, un projet de Loi modifiant la loi 87-23 du 18 Août 1987 portant privatisation de certaines entreprises publiques, en complétant son annexe par l’adjonction de trois nouvelles sociétés que sont le CICES, le CEREEQ et la LONASE. La LOI fut votée par l’Assemblée Nationale le 27 Janvier 2004, sous le numéro 2004-08 du 06 Février 2004.

6. En mars 2004 la sanction tombe sur le DG de la LONASE manipulateur, qui est relevé de ses fonctions. Dès le mois d’Avril 2004, son remplaçant s’engage à opérer un audit comptable et financier et un recensement du patrimoine de la LONASE.

Les travailleurs de la LONASE inquiets, s’organisent en collectif et manifestent bruyamment leur opposition à une quelconque privatisation de leur entreprise.

7. En décembre 2005, dans une déclaration faite au magazine Nouvel Horizon, le Ministre de l’Economie et des Finances précisait que : « le programme de privatisation en cours comprenait, le CICES (activités Foires) en 2006, le CEREEQ et la LONASE en 2007, et la SENELEC ». Voilà donc un échéancier bien calé.

8. En attendant, de Mars 2004 à Juillet 2OO6 les DG successifs de la LONASE, Modiène Ndiaye et Kansoubaly Ndiaye, réussissent à faire de la LONASE une société rentable, avec une trésorerie florissante excédant trois milliards de francs, dont deux sont placés judicieusement dans un compte à terme(DAT) à la Banque Islamique du Sénégal.

9. Donc au moment où le Chef de l’Etat faisait revenir Baila Wane en Juillet 2006, la LONASE était une société prospère, engagée dans un processus de privatisation enclenché depuis 2004 et dont le terme était fixé à 2007 et qui avait déjà opéré l’informatisation de la prise de paris du PMU, au niveau des points de vente PLR, sur toute l’étendue du territoire, sauf à Kolda..

10. Pourtant, en Novembre 2010, le Ministre de l’Economie et des Finances, présentant son rapport de 2009, dit à propos de la privatisation de la LONASE :

« Un Comité de pilotage a été mis en place pour la privatiser et ce Comité s’est attaché les services d’un Consultant pour l’assister et le conseiller sur les aspects juridiques.

A la suite de ses travaux le Consultant a mis à la disposition du Comité un rapport pour la mise en place d’un cadre juridique des jeux de hasard .Il a rassemblé tous les textes législatifs et réglementaires qui régissent les jeux de hasard au SENEGAL, a procédé à leur évaluation et fait des recommandations.

Mais avant toute privatisation, il reviendra à l’Etat de sécuriser l’environnement juridique en mettant en place un cadre qui puisse protéger le public et lutter contre le blanchiment d’argent.

Après les travaux du Consultant il fallait élaborer dans un premier temps un projet de loi qui devra régir les jeux de hasard après la privatisation de la LONASE, et ensuite ses décrets d’application.

Le processus devra prendre fin quand le Comité de pilotage, assisté d’un Consultant, élaborera un dossier d’appel d’offres en vue du choix d’un repreneur privé, ainsi qu’un rapport d’évaluation technique et financière de la LONASE, proposera un calendrier d’exécution de la privatisation et enfin finalisera les documents juridiques nécessaires à la clôture de l’opération de cession d’une partie des actions de la Société. ».

Sept ans pour privatiser une Société !!!

Qu’est-ce-que Abdoulaye Wade et Abdoulaye Diop ont fait de la LONASE pendant cette période ?

Entre le moment où le programme de privatisation est passé à l’Assemblée Nationale et le terme du processus prévu en 2007, la LONASE est devenue une société en bonne santé financière grâce au sérieux et à la bonne gouvernance imposée à l’entreprise par deux patriotes compétents et honnêtes, de Mars 2004 à Juillet 2006. Le résultat d’une pareille performance aurait dû être le retrait de la LONASE des sociétés à privatiser, parmi lesquelles d’ailleurs elle n’aurait jamais dû figurer.

Au pire des cas, si la LONASE devait poursuivre son processus de privatisation, sa gestion et son contrôle auraient dû être sous la supervision du Comité de pilotage mis en place pour le suivi du programme, à partir de Juillet 2006. Et, c’est à cette date qu’il aurait fallu effacer la créance de Vingt Deux milliards que possédait l’Etat sur la LONASE depuis plus d’une décennie, au lieu de le faire en Mai 2007 au moment où la Société était de nouveau à la dérive.

A la dérive, était à nouveau la LONASE lorsque le 17 Mai 2007 son Assemblée Générale Extraordinaire prit la résolution d’augmenter les capitaux propres de la Société par incorporation des dettes fiscales envers l’Etat, au 31 Décembre 2006, à l’arrêt des comptes.

Qu’est-ce qui s’est passé à partir du 15 Juillet 2006, date du retour en fonction de Baila Wane en qualité de DIRECTEUR GENERAL de la LONASE ?

11. D’abord il faut signaler que le 20 Juillet 2006 a été signé un avenant au contrat PMC -LONASE no SEN 2002 - 172 du 26 Juillet 2002 portant marché « GENERALISATION DU SYSTEME INFORMATISE DE GESTION ET D’EXPLOITATION DES PARIS DU PMU ».

En quittant la Lonase en septembre 2001, le Colonel Oumar Ndiaye avait terminé le processus d’appel d’offres pour l’informatisation de la gestion et de l’exploitation des paris du PMU, et PMC l’avait emporté ; dans le cahier des charges les techniciens avaient travaillé avec la Sonatel pour le choix des solutions de liaisons les plus fiables avec des lignes spécialisées. Tout le pays devait être couvert et, en dehors des agences de la Lonase, tous les points de ventes PLR et ALR devaient être gérés de façon privée par des vendeurs agréés, dans des structures aménagées sous leur responsabilité et à leurs frais, suivant des spécifications techniques définies par la Lonase, contre une commission de 10 %, au lieu des 7 % pratiqués à l’époque. En un mot, une fois que le système est mis en place, la Lonase n’avait plus à acheter ou à installer à ses frais des kiosques pour n’importe quelle activité.

Donc à partir du 20 Juillet 2006 tout le système de gestion et d’exploitation des paris du PMU était informatisé, ou en train de l’être, PMC ayant à fournir les bobines thermiques et l’ensemble des kits, suivant des clauses définies dans le cahier des charges et à des prix préalablement fixés dans le contrat liant PMC à la LONASE.

Il ne restait plus alors qu’à dérouler et à perfectionner le système, suivant les problèmes et les difficultés rencontrés au cours des protocoles.

12. . QU’EST-CE QUI S’EST PASSE A PARTIR DU 15 JUILLET 2006 ??

Pour mon propos je vais puiser mes informations dans deux documents bien connus, le livre du Journaliste Abdou Latif Coulibaly « Loterie Nationale Sénégalaise, Chronique d’un pillage organisé », édité en Juillet 2007 et le Rapport Final d’Avril 2011 produit par Global Management Services, sur la gestion 2009 de la LONASE, commandité par l’ARMP.

Globalement, je vais partir du postulat que le retour de Baila Wane, correspond à une décision délibérée d’enrichissement illégal de certaines personnes physiques ou morales, choisies par la plus haute Autorité, avec le consentement complice du Ministre de l’Economie et des Finances. Voici les raisons de cette conviction :

Un peu avant le retour de Baila Wane, apparut à la LONASE, un TOUBAB, conduit par un chauffeur militaire, dans un véhicule du parc administratif de la Présidence de la République. Il circule en ville, loue une maison et crée une Société de droit Sénégalais, dénommé High Tech Africa. sarl. Il se présente aussi comme le Directeur d’une Société ayant son siège dans un centre d’affaires de l’Avenue de la Grande Armée à Paris, NSX Informatique, mais dont en réalité il apparaît comme le liquidateur officiel, dans les fiches de renseignements commerciaux. Il y vendait au détail du matériel et des équipements informatiques. Qu’était-il venu faire au Sénégal et notamment à Dakar ? Il a confié à certaines personnes dont il cherchait la confiance, que le Président lui confierait la Gestion de la Lonase mais qu’il allait faire revenir Baila Wane pour cette mission.

Ø En mai 2007, lorsque Baila Wane a comparu devant son conseil d’administration pour justifier les retraits de Deux milliards du DAT de la BIS vers un compte qu’il a ouvert , à l’insu des services financiers et comptables de la Lonase, dans les livres de INTERNATIONAL COMMERCIAL BANK SENEGAL, récemment installée à Dakar, il a requis la confidentialité absolue pour avouer en substance : j’avais reçu la mission de financer la campagne électorale du Président et celle des libéraux aux législatives et les fonds ont été virés à cet effet à qui de droit.

Ø Dans tous les cas, deux semaines après le retour de Baila Wane, le TOUBAB signe un contrat sous le nom de Paul Benichou, qui lui délègue presque tous les pouvoirs de gestion à la Lonase, et Baila Wane commence à virer des fonds dans ce fameux compte d’ICB Sénégal, en direction des élections de mai 2007.

Ø De Septembre 2006 à nos jours, la Lonase n’a pas versé un sou dans les caisses de l’Etat, ni la redevance de 10 % du chiffre d’affaires, ni le droit de timbre de 3 %, ni les retenues sur salaires précomptées sur les émoluments des personnels, ni la TVA à précompter sur les factures des fournisseurs, au moins 250 millions par mois en temps de prospérité.

Ces faits incontestables constituent la preuve évidente que l’Etat, une fois qu’il a inscrit la Lonase dans son programme de privatisation, l’a délibérément soustraite de sa tutelle pour l’offrir en usufruit au Parti Démocratique Sénégalais et à son Secrétaire Général.

13. Voilà donc nos deux acteurs en place, à partit du 1er Août 2006. et ils vont se donner tous les pouvoirs et tous les moyens pour remplir leur mission secrète, l’un de façon institutionnelle, et l’autre par une convention que lui attribue Baila Wane par des contrats successifs lui conférant la Maitrise d’ouvrage déléguée sur l’ensemble des procédures d’acquisition de biens et de prestations , pour la modernisation de la Lonase. Tout un programme.

13.1. En sa double qualité de Consultant, maitre d’ouvrage délégué et de gérant de sociétés prestataires de service, Paul Bénichou va encaisser plus de cinq cents millions de francs CFA de rémunération pour la seule année 2006. Mais il va participer à la réflexion pour développer de nouveaux produits et augmenter ses gains. C’est ainsi que la Lonase démarre le 2 Novembre 2006, en partenariat avec le groupe Game Marketing Services et sa société sénégalaise Madéli, un jeu télévisé de grattage dénommé Jackpot.Tv. Le partenariat a été scellé bizarrement par un accord cadre d’Avril 2006, confirmé au retour de Baila, le 9 Août 2006 et un contrat de consulting signé le 1er Février 2007, entre le Directeur Général de la LONASE et Mr Yves Hémard, Directeur de GMS. On se souvient qu’en Avril 2004 les travailleurs de la Lonase accusaient déjà Mr Hémard d’être un « corse » qui voulait prendre les commandes de la Société. Il n’était donc pas en terrain inconnu.

Ce jeu eut beaucoup de succès dans sa première année de mise en œuvre où elle rapporta Quatre milliards de Chiffre d’affaires, mais il fut brutalement arrêté vers octobre-novembre 2008, alors que la cagnotte du Jackpot avait déjà dépassé Trois cents millions.et faisait courir un grand risque à la Lonase en cas de tirage gagnant.

Malheureusement ce partenariat se termina au tribunal pour Cent soixante dix huit millions de créances de Game et Médali, longtemps impayées par la LONASE.

Le 07 juillet 2008, le Maitre d’ouvrage délégué monte une affaire avec un Libanais (HALIM ?) disposant de matériels du système EDITEC, pour ramener le LOTO au Sénégal, avec des machines récupérées probablement sur la Française des Jeux. Mais ce n’était qu’un prétexte, l’objectif final étant de prendre possession du PMU, alors totalement géré par le système mis en place par PMC, l’autre constructeur de matériels informatiques. L’expérience dura le temps de se familiariser avec le matériel EDITEC ( le même que celui utilisé par les « Corses » au Cameroun et au Togo) et de créer des problèmes à PMC, en suspendant les remboursements de ses factures mensuelles.

En attendant que le fruit mûrisse, Paul Bénichou supervisa l’achat de 1050 kiosques et leur habillage pour environ un milliard et demi de nos francs.

Ensuite, ce qui devait arriver, arriva et PMC suspendit ses prestations, bloquant ainsi les prises de paris ALR et PLR du Pari Mutuel Urbain, pour défaut de paiement des redevances qui lui sont dues ( l’affaire est aujourdhui devant la Cour Arbitrale).

Mais la LONASE de Paul Bénouchi était prête pour reprendre, sans délai, sous matériels EDITEC, la gestion du pari mutuel urbain, la société High Tech Africa de Bénouchi, fournissant les kits de liaisons informatiques et la société libanaise TBG (Trust Brokerage Group ), liée à EDITEC, disposant du contrat de prestataire à qui sera versé une redevance de 4,5% du chiffre d’affaires de la LONASE( jusqu’à 40 milliards de C.A ), la SUARL KO Company de Mr Omar Wane, le frère de Baila étant chargée de la maintenance des kiosques et de la fourniture des bobines thermiques ALR et PLR.

En 2009, selon le rapport cité en référence, ces trois sociétés ont signé des contrats supérieurs à 1,5 milliards de francs CFA, et au passage Bénichou recevra tous les mois des honoraires de 41,3 millions de francs, Omar Wane 18 millions, TBG et EDITEC ramassant une redevance de 130 millions par mois. Sans compter les énormes profits réalisés sur les bobines thermiques cédées à la LONASE à sept fois son prix normal !!!

En 2007, Baila Wane a signé, avec CODE Africa, une société dont le siège est en Suisse et appartenant à Oumou Wane Mahé, une de ses cousines de la Diaspora, un partenariat de sponsoring d’un jeu diffusé à la télévision nationale,à travers deux contrats d’une valeur globale de 65O millions de francs CFA, et à partir de 2008, un contrat annuel de 250.000 Euros, valable de 2008 à 2010, avec une majoration de 15 % par an, à compter de 2009. Soit plus d’un milliard deux cent millions de 2007 à 2010.

13.2. Le contrat avec CODE Africa permet de faire la liaison entre les activités des duettistes de la gestion de la Lonase, ne sachant si le MOD venu de France a inspiré l’initiative venue de Suisse. Par contre, on peut imputer à Baila tout ce qui est lié à l’immobilier :

Ø La première opération faite par Baila fut l’achat d’un immeuble qui, selon les estimations de Latif, vaut 350 millions, au prix incroyable d’un milliard cent millions

Ø Mais l’immeuble n’était qu’ébauché et ne pouvait servir à aucun usage, même s’il fut pompeusement réceptionné le 29 mars 2007 Le DG de la Lonase engage alors des travaux d’aménagement dont il confie le suivi à une entreprise dénommée Entreprise Darou Mouhty ( EDM ) dont le Directeur n’est autre que l’époux de sa propre sœur, le sieur Mathurin Ndiaye. Plusieurs contrats et conventions de Maitre d’ouvrage délégué, et /ou de suivi et de réalisation de travaux, sont signés, de janvier 2008 à 2009, qui globalement ont rapporté à son bénéficiaire plus de 655 millions de francs et 36 millions à son architecte Mansour Diène.

Ø Les travaux d’aménagement proprement dits ont été confiés à Sahel Group, ,toujours sous la supervision d'EDM. Estimés d’abord à un peu plus d’un milliard vingt cinq millions, ils ont été réévalués à un peu plus de Un milliard trois cent cinq millions. En 2009, plus de 644millions ont été payés sur ses prévisions.

On peut donc dire qu’un immeuble de quatre étages, non fonctionnel au moment des faits en 2009, aurait coûté presque deux milliards et demi, alors qu’il ressemblait encore à un clapier.

13.3. Après avoir satisfait leurs propres ambitions et leurs propres intérêts, les duettistes devaient récompenser leurs amis du régime. Ainsi, de la Présidence au Sénat, en passant par l’Assemblée Nationale, il fallait offrir des contrats bien rémunérés aux épouses, aux enfants, aux amis et même aux griots et griottes de la Nomenklatura libérale. Des personnels de l’Etat viennent récupérer leurs mandats mensuels, notamment des militants de Saint-Louis, des agents de la Sécurité de la Présidence, des souteneurs de BMW. Des véhicules de service sont mis à la disposition de personnes privées avec chauffeur et carburant, des locaux sont loués pour abriter des bureaux étrangers à la Lonase. Bref c’est tout sauf une société nationale.

Pendant cette longue période de cinq ans l’Etat du Sénégal n’a reçu aucun versement de la LONASE et aucun service de l’Etat, notamment la Tutelle n’a pris aucune disposition pour mettre fin à cette ahurissante situation de pillage et de gabegies et personne ne pourra se cacher derrière l’ignorance pour se trouver une excuse.

Mais qui est donc PAUL BENICHOU, cet ami du PRESIDENT à qui il a livré la LONASE et quel service a-t-il pu lui rendre pour mériter un tel cadeau ?

En fin de compte la LONASE a trouvé « ses Corses », qui ont pris l’aspect de bons « parisiens » et de bons « sénégalais ».

ABDOULAYE(S), arrêtez le massacre !!

Maintenant que les comptes de la Société sont à peu prés présentables avec l’incorporation de la créance fiscale de l’Etat, même si les dettes s’y sont accumulées, depuis 2007, arrêtez ce programme de privatisation qui n’était qu’une mascarade pour cacher les détournements opérés au profit du PDS et de ses cadres les plus illustres et mettez en œuvre les réformes les plus appropriées pour l’exploitation du monopole des jeux par une structure publique gérée au profit exclusif des intérêts de la Nation, par des dirigeants apolitiques, intègres et compétents..

C’est uniquement là que se trouve votre DEVOIR.

Le travail de réhabilitation de la Société Nationale des jeux sera très difficile et très long tellement les blessures qui lui ont été infligées sont importantes : la LONASE a perdu toute crédibilité au près de ses partenaires traditionnels comme l’AILE, l’AALE, la zone de la « Masse Commune », les parieurs roulés dans la farine à longueur d’année, les vendeurs et autres prestataires encore créanciers impayés, les fournisseurs comme PMC, les partenaires comme PMU France et EQUIDIA, sa chaine hippique, la Française des Jeux etc...Seuls les travailleurs y ont trouvé leurs comptes !!

La nouvelle équipe en place depuis Avril 2011 se débat avec pugnacité pour remettre en marche cette structure qui n'avait plus de repères, mais la tâche semble ardue car ceux qui profitaient des largesses de la société, surtout en terme de contrats spéciaux, ne se laisseront pas facilement priver de ces revenus supplémentaires qui permettaient de mener une vie assez agréable sans trop de fatigue. Pour un homme politiquement engagé la pression des ténors du parti risque d'être pesante.

Mais l’espoir est permis car la volonté de bien faire existe et si le cadre idoine est créé, cette équipe de « managers » compétents et déterminés peut rapidement donner des satisfactions.D'ailleurs elle a déjà à son actif le paiement régulier des salaires, à terme échu, le versement des commissions aux vendeurs, le règlement des tickets gagnants et un début de remboursement des nombreuses créances des fournisseurs et des prestataires de services, longtemps gelées par défaut de trésorerie. Elle travaille aussi à l'amélioration de son réseau mais elle aura beaucoup de mal à retrouver toute sa clientèle et la qualité des services offerts aux parieurs, du fait de la détérioration des relations de la LONASE avec ses partenaires privilégiés qui lui fournissaient des images et des données techniques

. Le secteur des jeux bien réorganisé peut rapporter des centaines de milliards à l’ Etat du Sénégal. Je vous en prie, soyez de vrais patriotes, renoncez à la privatisation de la LONASE et aidez les nouveaux dirigeants dans cette phase ardue de redressement !!

dimanche 17 juillet 2011

QUE FAIRE??

II. Que faire ??

Nous avons essayé dans la première partie de montrer comment le régime libéral a organisé de façon délibérée la destruction du tissu économique et administratif du Sénégal, afin de s’accaparer des richesses nationales.
Pendant cette décennie les sénégalais ont souffert l’enfer :

• Le pouvoir d’achat des sénégalais s’est détérioré de façon très sensible avec l‘augmentation des prix des denrées de première nécessité de plus de 50 % de 2000 à 2010, alors que la majorité des revenus des ménages diminuaient, installant plus de la moitié de la population dans une pauvreté pesante. Malgré les effets d’annonce du régime sur les succès de la Goana et l’autosuffisance alimentaire supposée, le monde paysan continue de souffrir du manque de semences et d’engrais , mais surtout de la modicité des coûts d’achat de l’arachide, fixés par le gouvernement entre 150 et 165f cfa le Kilo depuis dix ans.
• En parcourant les campagnes sénégalaises on se rend compte que le pays stagne dans la misère, les besoins les plus élémentaires demeurant toujours insatisfaits : l’eau potable est encore rare, l’électricité est encore absente des villages toujours insalubres et mal aménagés, les enfants font encore des kilomètres pour rallier leurs écoles, dont certaines sont encore en hutte, les structures de santé de proximité sont mal disséminées et les femmes sont encore menacées dans leur vie quand elles veulent accoucher. Même dans leur prise de conscience, leur ouverture au monde, leur formation civique et leur information, les sénégalaises et les sénégalais du pays profond sont maintenus dans un obscurantisme qui en font encore un bétail politique et électoral facile à manipuler.
• De façon générale le régime a construit beaucoup d’écoles, de postes de santé et de centres de santé, dans des zones qui n’étaient pas prioritaires, souvent pour des raisons qui étaient strictement financières.
En effet la construction des infrastructures est, pour le régime libéral, toujours motivée par des raisons de retombées financières pour les initiateurs, sous le couvert de chantage politique de quelques clients influents du PDS. Ni la carte scolaire, ni la carte sanitaire n’ont été déterminantes pour fixer les critères d’édifications des établissements scolaires ou sanitaires ; la preuve en est que beaucoup de ces formations bâties à la périphérie des agglomérations sont restées fermées par manque de personnels techniques pour y officier.
Mais le drame est vécu par tous les sénégalais, des campagnes comme des zones urbaines et périurbaines, lorsqu’il s’agit d’inscrire les enfants dans l’enseignement secondaire ou supérieur, ou de se faire soigner dans les hôpitaux et les centres de santé.
L’enseignement public est devenu déficient et le secteur privé scolaire et universitaire s’est considérablement développé, en utilisant les personnels publics, les locaux publics et tout le système de l’Education Nationale. Ce parasitisme qui ne profite qu’aux personnels enseignants, rend ces services de base inaccessibles aux enfants des sénégalais moyens qui peinent à nourrir correctement leur famille.
Se faire soigner quand on est malade devient une tache ardue, non seulement parce que l’accès aux hôpitaux est devenu très cher, mais surtout parce que les structures de santé ne sont plus fonctionnelles : plateau technique vétuste, manque criard de médicaments, personnel pléthorique et peu qualifié dans sa majorité, problèmes financiers, tant au niveau de la trésorerie que de l’endettement.
Le malheur pour nos pays est que les secteurs sociaux constituent en théorie des secteurs prioritaires qui absorbent beaucoup de crédits et de fonds du budget national et des bailleurs, alors qu’en pratique le régime s’en sert pour s’enrichir et entretenir une clientèle politique prête à s’assembler et à accourir dans les mobilisations sociales du parti. Les matériels achetés pour soutenir les femmes sont distribués aux responsables politiques du PDS au niveau des départements et ne parviennent presque jamais à celles qui en ont besoin. Le matériel agricole acheté en grande pompe avec la GOANA a été distribué aux différents leaders du PDS, ministres, députés, sénateurs et autres barons de la Nomenklatura bleue, à qui d’ailleurs des terres ont été distribuées, sans limite.
Le développement du Sénégal profond reste encore à faire car depuis toujours les ressources financières de l’Etat sont utilisées pour des projets inspirés par les bailleurs, circonscrits essentiellement dans la région de Dakar et qui concernaient rarement le développement local ; et ce ne sont pas les investissements de projets comme le PNDL qui pourront faire du Sénégal un pays émergeant Les projets de développement local du genre PNIR ou PNDL ont épuisé énormément de ressources dans des activités de formation, de renforcement de capacités ou de construction de petites structures de service de base de l’éduction ou de la santé, alors que le vrai besoin était pour de gros investissements d’aménagement du territoire portant sur les communications, le développement industriel ou agricole intégrés.
Il faut dire que l’Etat central a toujours privilégié les activités sectorielles du niveau national, au détriment des activités intégrées au niveau régional et local, et la décentralisation initiée en 1996 n’a pas été suivie d’une allocation locale de ressources suffisantes pour faire face aux responsabilités liées au transfert de compétences.


• Ce qui s’est passé durant ces dix dernières années au Sénégal ressemble à une tragicomédie où les Actes et les Scènes se sont succédés au rythme des évènements imposés par Abdoulaye Wade, voyageur impénitent, animateur de premier rang de la vie sénégalaise, créateur de spectacles et acteur principal de toute la dynamique nationale.
On a l’impression d’être dans deux mondes parallèles, l’un animé par Abdoulaye Wade et sa bande, avec ses travaux, l’organisation de la conférence islamique, l’érection et l’inauguration de la statue de la Renaissance Africaine, le festival mondial des Arts nègres, l’inauguration du Grand Théâtre National, la construction des infrastructures de la Corniche de Dakar, le tout émaillé de scandales financiers autour du Port de Dakar, de l’AIBD, de l’Aéroport Lss, de l’ANOCI, de Mbackiyou Faye, de l’Avion Présidentiel I et II, en passant par les innombrables tripatouillages de la Constitution, les prises de position fracassantes du Maître de tous les sénégalais , sur les Institutions internationales comme le Fmi, la FAO, la BCEAO , sur la Côte d’Ivoire, la Lybie et Khadafi, etc. Dans ce monde où les milliards foisonnent, Dakar vibre sous les virées de la Jet Set dans les boîtes de nuit, les Divas de la chanson récoltent à Sorano les millions et les parures en or et en diamant, Kiné Lam, Fatou guéveul, Djiby Dramé et l’inénarrable Elhadj Mansour Mbaye font courir encore les Ndananes et Awa Diop Gabon dépense sans compter pour se faire un nom et une réputation. Le nouveau standard de réussite pour les jeunes c’est la musique, le football mais surtout la lutte qui rassemble des milliers de licenciés dont les Ecuries squattent les plages de la Banlieue Dans cette région de Dakar, de Rufisque aux Almadies les immeubles poussent comme des champignons et dans les rues des voitures rutilantes chatouillent le regard et éblouissent les passants envieux.

L’autre monde parallèle est tout ce qui reste du pays et qui n’est pas invité au banquet de « l’Alternoce ». C’est la banlieue qui est sous les eaux depuis 2005 au moins, où les gens mangent une fois par jour, ce sont les mendiants et les talibés qui grouillent au niveau des carrefours et des marchés ; c’est le Sénégal des profondeurs, le Sénégal des marchants ambulants, des paysans, des éleveurs et des pêcheurs confrontés à la crise financière mondiale et aux pénuries nationales qui ont bouleversé les filières du coton, de l’arachide et de la pêche. Tous, à Dakar ou ailleurs, ménagères, artisans tailleurs, ont vécu l’enfer des ténèbres et le manque d’électricité.

Au milieu de tout ce mélimélo s’est développé un laisser aller de l’autorité par rapport aux marchants ambulants, à l’occupation anarchique de la rue et de la chaussée, à l’indiscipline générale, à l’entretien de milices par des gourous religieux dont un se distingue en se chamarrant de galons dorés et d’uniforme de Général.
Bref, avec Abdoulaye Wade, tout ce qui vient de ses militants et de ses partisans est juste et négociable, tout est permis sauf lorsqu’il s’agit de remettre en cause son pouvoir et son hégémonie.

* On ne peut pas parler du Sénégal sans parler du problème de notre belle Casamance.
Depuis vingt huit ans des frères de la Casamance ont pris les armes pour manifester leurs frustrations et réclamer leur indépendance « par rapport à un pays qui ne les considère pas ». Des pas importants ont été réalisés par le gouvernement d’Abdou Diouf jusqu’à la signature d’une trêve et de façon générale une importante frange du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) a renoncé à la revendication de l’indépendance de la Casamance et aspire à la Paix.
Ablaye s’était donné cent jours pour régler le problème de la Casamance et même s’est offert le luxe d’accorder un jour férié à la Nation pour fêter la fin des hostilités en Casamance. Hélas, ce n’était qu’une illusion, une fausse nouvelle que tout dans la réalité dément tous les jours
Ainsi le dossier Casamançais est devenu un fonds de commerce géré par des activistes qui s’enrichissent sur le dos du peuple sénégalais, sacrifiant à l’occasion, ces rebelles et ces soldats, et tous ces civils innocents qui meurent tous les jours sur les routes du Sud.
Récemment, à force d’attendre des négociations qui ne viennent pas et profitant de l’accalmie consécutive à la trêve pour se réarmer, le MFDC a attaqué les populations et l’armée sénégalaise, avec des armes sophistiquées extrêmement meurtrières. La riposte de l’armée a été implacable et ces combats ont fait subir à notre Nation, qui est une, la perte irremplaçable de fils courageux que nous pleurons tous .Les combattants du MFDC sont nos frères et l’Armée ne les affronte que pour protéger les populations civiles innocentes.
Tout cela relève de la légèreté de Maitre Wade qui a confié cet épineux problème à des énergumènes du genre Farbus qui n’ont aucune formation, aucune éducation et qui ne sont que des larbins exécuteurs de basses besognes. Cette guerre qui ne dit pas son nom a permis à des délinquants à col blanc de mettre la main sur les vergers de Ziguinchor, les récoltes de cajou, mais surtout d’affecter des centaines d’hectares à la culture du cannabis. La jonction entre cette pègre et les narco- trafiquants de la Guinée Bissau a fait de la Casamance un grand espace de production de drogue et rend la recherche de la paix encore plus difficile.
Il n’y a pas longtemps, des cadres du MFDC, les Biagui et autres responsables, et même Salif Sadio, ont regretté l’absence de négociation entre les parties et cette position figée de ni guerre, ni paix, ne peut qu’encourager la prolifération de bandes armées incontrôlables, et les escarmouches contre les populations..
J’ai fait le tour du pays, et j’ai parcouru les Régions de Kolda et de Sédhiou, j’ai visité Ziguinchor et mes amis ont parcouru toute la Région Sud et il faut reconnaître que la Région Sud est presqu’abandonnée par le gouvernement depuis vingt huit ans, aucun investissement majeur, en dehors de quelques initiatives des ONGs et de certains bailleurs de fonds intéressés par la Casamance comme l’USAID. Des villages entiers sont abandonnés, des écoles et des formations sanitaires fermées, des rizières disparues.
La première question à résoudre après les élections de 2012 doit être celle de la paix en Casamance qui a le droit d’être reconstruite et de vivre en symbiose avec les autres contrées, dans un Sénégal libre, démocratique et prospère.
Si le MFDC, dans toutes ses composantes accepte de renoncer à ses velléités d’indépendance, il doit être possible de négocier la Paix. Celle-ci doit passer nécessairement par le désarmement du MFDC et le déminage de sa zone de station et de toute la Casamance.
La reconversion des anciens combattants en pionniers dans des zones de production aménagées pourrait absorber une bonne partie de leurs effectifs et accélérer le développement de cette partie du Sénégal qui peut nous nourrir tous, sans problème.
La négociation de la paix doit se faire avec les parties pertinentes du MFDC, sans oublier qu’ une paix en Casamance en dehors de la Gambie et de la Guinée Bissau serait illusoire.
.

* Que faire maintenant chers compatriotes devant l’ampleur de tant de problèmes et de tant de défis ?

Nous allons d’abord « parler politique ».

Il a été démontré tout au long des pages précédentes que le régime installé par Abdoulaye Wade a, dans la conduite des affaires publiques existé, et s’est développé contre les intérêts du Sénégal et des Sénégalais. Wade et sa Famille ne sont pas des Sénégalais mais des français, tant dans leurs origines, leurs aspirations et leurs convictions que dans les décisions qu’ils ont prises dans les affaires économiques nationales et leur comportement de tous les jours..

Les tentatives d’intrusion de Nicolas Sarkozy dans les dossiers politiques du Sénégal pour nous imposer Karim Wade sont une insulte à notre peuple qui n’a pas besoin d’ingérence pour régler ses problèmes ; toute la famille Wade a la nationalité française et nul ne peut le nier, donc dire que Karim est un Sénégalais qui a les mêmes droits que tout sénégalais est un mensonge et une hypocrisie, et le seul fait d’être le fils du Président en fait un privilégié. J’ai appris que Karim Wade aurait appelé Bourgi pour une intervention des troupes françaises du Cap-Vert pour disperser les manifestations du 27 juin et maintenir l’ordre au niveau de Dakar. A quel titre Wade Junior pourrait-il requérir l’intervention de la France au Sénégal ? Peut-être c’est le Ressortissant français qui s’est affolé, parce qu’il ne se sent jamais chez lui au Sénégal où il ne travaille qu’en qualité d’expatrié.
Jusqu’à présent j’ai évité de parler de ce gamin, surtout pour m’offusquer des responsabilités à lui conférées par son père, mais cette ingérence dans un domaine de souveraineté qui ne relève que de la compétence exclusive du Chef de l’Etat prouve qu’il est temps de se débarrasser du vieil homme qui est incapable de surveiller les agissements irresponsables de son fils très peu doué pour la gestion de la chose publique, puisqu’il sera toujours difficile de séparer le père du fils.
Il faut être conscient que si nous avions un dossier judiciaire contre la Famille Wade elle se précipiterait pour rejoindre l’hexagone et ne serait jamais extradée par la France pour nos beaux yeux.
Aussi, le mot d’ordre pour les Patriotes est de se préparer pour bouter les Wade hors de chez nous, parce que ce sont eux-mêmes qui se sont auto-exclus de notre peuple par leur attitude anti-sénégalaise, leur mépris à l’égard de notre Nation. Avec nos cartes, le 26 Février 2012, disons NON à Wade et à sa Famille, parce que nous les Patriotes, nous sommes majoritaires et ce Sénégal est le nôtre .Aussi, nous devons nous préparer et demeurer vigilants, afin de nous inscrire sur les listes électorales et de veiller à l’inscription de nos familles et de nos proches. Compte tenu de la capacité du régime libéral à acheter les consciences et à frauder, les Patriotes doivent sensibiliser leurs parents et leurs amis pour les dissuader de se faire corrompre par un régime finissant qui n’a aucun respect pour eux, mais aussi prendre des mesures pour sécuriser le fichier électoral avant les élections, et les résultats des urnes après les élections. Sur ce dernier point, les radios privées qui suivent les dépouillements heure par heure le jour des élections, pourront, comme par le passé, permettre un décompte manuel plus fiable que les résultats informatiques qu’un progiciel adapté peut biaiser, sans que cela puisse être décelé dans l’immédiat.
Aujourd’hui, le peuple vient de démontrer qu’il possède une forte capacité de résistance. Demain, il faudrait mener dans le cadre du fichier électoral le même combat pour l’annulation des mesures de restructuration de l’administration territoriale et des délégations spéciales qui bouleversent les adresses et les inscriptions dans les futurs bureaux de vote des électeurs et reviennent en fin de compte à confisquer le pouvoir que les populations ont librement attribué aux responsable de leur choix .
A partir de maintenant, il importe que les Patriotes s’organisent pour le choix de leur candidat qui doit être un homme de rupture et pas un professionnel de la Politique. Après Ablaye Wade, le Sénégal a besoin d’un homme fort, intègre et d’une grande probité morale et intellectuelle, qui n’aurait pas peur de prendre des mesures salvatrices ou d’ être impopulaire Nous Patriotes , devons veiller à assurer l’indépendance de notre candidat en lui assurant par nos cotisations l’autonomie financière apte à lui assurer une campagne électorale sérieuse et efficace.

Mais un grave problème de sécurité vient d’être évoqué par des partis d’opposition qui s’en alarme : il s’agit du recrutement par des caciques du PDS de mercenaires en provenance de la sous-région. Devant les violences perpétrées par les manifestants, surtout contre les biens de certains membres du PDS, des responsables de ce parti, prêts à tout pour rester au pouvoir, auraient imaginé ce recrutement pour infiltrer les manifestants et commettre à l’occasion ,des actes pouvant obliger l’Etat à prendre des mesures conservatoires pour anéantir la révolte, et installer le pays dans un Etat de belligérance permanente. L’objectif du régime libéral est de créer une situation qui puisse lui permettre d’organiser des fraudes massives et des troubles à l’occasion des élections présidentielles et d’installer un climat de tension qui facilitent la maitrise des conflits et recours post électoraux par la force publique.
C’est l’occasion de rappeler à nos jeunes des Forces Armées Sénégalaises qu’ils sont les héritiers de hautes traditions guerrières exercées dans l’honneur et la dignité mais aussi et surtout dans le respect d’une éthique que rien ne doit altérer.. En situation de Guerre comme en maintien d’ordre le Soldat sénégalais doit toujours garder sa Raison et son Humanité, Il appartient à l’Officier dont le rôle est de diriger les troupes d’avoir le sens des responsabilités et de la mesure. En matière de maintien d’ordre l’Armée est un recours de troisième rang, qui n’entre en opération que lorsque la Police et la Gendarmerie ont été engagées sans succès. Dans ce cas, c’est la Réquisition délivrée par l’Autorité Suprême qui en fixe les modalités d’exécution, selon la gravité. Dans les conditions normales d’usage de la force ou des armes, le chef de la troupe engage sa propre responsabilité sur les conséquences des ordres qu’il donne. Il est vrai que dans tous les cas force doit rester à la Loi et que les Institutions de la République doivent être défendues au péril de la vie de nos forces publiques.
Je disais toujours qu’il ya un seuil de rupture dont chaque démocrate et chaque républicain possède en lui la juste mesure. Nous devons veiller à ne pas l’atteindre pour ne pas exposer notre pays au désordre et à la guerre civile.

Mais il ya de grands risques d’affrontement entre le PDS et la Nation entière , depuis que Maitre Wade s’est posé en chef de bande , en rassemblant et en mobilisant son parti contre le Peuple Sénégalais.
Aujourd’hui, il n’y a qu’un seul mot d’ordre, se tenir prêt pour voter contre le candidat du PDS en Février, quel qu’il soit ; dans l’immédiat, se concerter entre patriotes, s’organiser et définir ensemble une stratégie pour vaincre le PDS et faire face à ses réactions de conservation du pouvoir.
Le blog reste un lien, patriotes, exprimez vous.

lundi 20 juin 2011

Le Sénégal en transition

Le Sénégal, un pays en transition.
(Cette contribution est celle d'un ami dont je partage les idées)

Je voudrais suggérer dans cette contribution qu’il y a des changements que la société sénégalaise est en train de vivre, qui ne font pas de bruit et qui ne tapent pas à l’œil, qui ne sont pas télévisés, mais qui ont des conséquences profondes sur le devenir des Sénégalais, et à mon avis, ce sont des changements de cette nature qui méritent l’attention des Sénégalais.. Ces changements sont des forces silencieuses enclenchées depuis plusieurs décennies dont la survenue et les conséquences se manifestent déjà et vont s’étendre sur plusieurs décennies. Ces forces impriment des tendances lourdes aux évolutions possibles de notre société et appellent de profondes réflexions sur les innovations institutionnelles qu’il faudrait mettre en place pour faire face aux défis qui leurs sont associés et saisir les opportunités qu’elles ouvrent pour un mieux-être des Sénégalais.

Dans la suite de cette contribution, je vais suggérer que nous sommes des Sénégalais en transition : je vais schématiser ces transitions sociales pour susciter des réflexions des Sénégalais sur comment ils vivent ces changements. Sans aucune prétention d’exhaustivité, je vais ensuite suggérer des implications économiques, sociales et politiques de ces transitions sociales. Je vais terminer par des questions liées aux implications associées aux transitions sociales que vivent les Sénégalais dont l’intention est de fournir une trame de lecture des programmes, intentions, discours et conversations de nos acteurs politiques.

Des Sénégalais en transition

Nous sommes devenus des urbains. En 1960, nous n’étions juste que 3 millions de Sénégalais : près de 80% des Sénégalais vivaient dans les zones rurales à cette date. Cinquante ans après, nous comptons environ 12 millions de Sénégalais, dont près de la moitié vit dans les zones urbaines : il y a deux fois plus de Sénégalais qui vivent actuellement dans les villes qu’il n’y avait de Sénégalais en 1960. Dans cinquante ans, au centième anniversaire de l’indépendance du Sénégal, notre pays va compter environ 25 millions de Sénégalais et près de 3 Sénégalais sur 4 vivront vraisemblablement dans les villes. Ces changements quantitatifs qui sont les plus apparents et les plus aisés à décrire par nos systèmes statistiques sont associés à des changements qualitatifs des modes de reproduction sociale qui sont plus discrets mais ayant des conséquences profondes sur le devenir de la société sénégalaise.

La famille sénégalaise a dramatiquement changé durant ces cinq dernières décennies. En 1960, les attentes de notre société pour une femme sénégalaise âgée de 15 ans étaient de se marier dans les cinq prochaines années, d’avoir sept à huit enfants au cours de ses trente années à venir, et de subir l’autorité de son mari. Son statut et sa réussite sociale étaient appréciés sous trois dimensions que sont : le mariage, la durée de ce mariage et la procréation. C’étaient là les attentes de la société rurale que nous étions en 1960 pour nos jeunes femmes. Aujourd’hui, dans la société urbaine que nous sommes devenus, nos attentes pour une femme sénégalaise âgée de 15 ans sont de finir sa formation secondaire, d’acquérir une formation universitaire ou professionnelle, de trouver un emploi bien rémunérateur, et de se marier après avoir sécurisé les moyens de son indépendance. Rares sont les jeunes filles sénégalaises d’aujourd’hui qui envisagent d’avoir sept à huit enfants comme cette jeune sénégalaise rurale de 1960 ; elles rêvent plutôt de deux à trois enfants et de l’indépendance et de la sécurité qu’offre un emploi rémunérateur. La récente loi sur la parité est portée par cette Nouvelle Sénégalaise.

Le système d’éducation de nos enfants a dramatiquement changé durant ces cinq dernières décennies. En 1960, l’enfant sénégalais était éduqué dans le sérail de la famille élargie, dans le champ de mil familial, le troupeau de bœufs ou l’atelier de cordonnier de la famille. Du point de vue de leur éducation, un jeune sénégalais de Tambacounda était aussi différent qu’un jeune de St Louis, que les jeunes sénégalais d’aujourd’hui sont différents des jeunes chinois. Aujourd’hui que les jeunes sénégalais reçoivent une bonne partie de leur éducation à travers l’école, la radio, la télévision, et l’internet, en plus de la famille, ces systèmes de transfert de connaissances et d’information sont entrain de façonner un Nouveau Sénégalais. Un Nouveau Sénégalais qui est plus indépendant des pesanteurs et de la mémoire du passé.

Oui, nous sommes des Sénégalais en Transition. Les changements que je viens de schématiser ci-haut sont des changements traceurs de transitions sociales profondes qui sont entrain de moudre une nouvelle société sénégalaise. L’urbanisation est entrain de transformer dramatiquement les modes de vie et l’environnement où vivent les Sénégalais. Une autre forme de transition qui est aussi associée à l’urbanisation, la transition démographique, est en train de transformer l’unité familiale et les modes de reproduction de la société sénégalaise. Enfin, notre système d’éducation et notre connexion à des systèmes globaux de transferts de connaissances et d’informations sont en train de nous installer au cœur de la révolution des nouvelles technologies de l’information et des processus de mondialisation.

Ces transitions sont en train de transformer comment nous produisons, comment nous consommons, comment nous interagissons entre nous, comment nous éduquons nos enfants, comment nous appréhendons notre passé et les évènements de notre quotidien, comment nous formons nos jugements, comment nous envisageons notre futur, et quelles dispositions nous prenons pour notre avenir et celui de nos enfants. Ces changements ont des implications économiques, sociales, et politiques importantes qui, si elles étaient appréhendées à leur juste valeur, ramèneraient l’alternance politique de l’année 2000 à la dimension d’un fait divers.




Implications économiques.

Les transitions sociales résumées ci-dessus ont des implications importantes pour l’économie du Sénégal. Des implications sur la qualité de la main-d’œuvre et la propension à épargner sont résumées ci-dessous à titre illustratif. Le choix sur ces dimensions n’est par fortuit : la qualité de la main d’œuvre et la propension à épargner sont des paramètres fondamentaux d’une économie qui ont des associations étroites avec les structures prédominantes d’une société.

Les transitions sociales que nous vivons vont transformer le marché du travail au Sénégal. Tenez ! Cette jeune sénégalaise urbaine de 15 ans d’aujourd’hui qui envisage de finir sa formation secondaire, d’acquérir une formation universitaire, et de trouver un emploi bien rémunérateur. Ayant cet emploi, elle aura son compte en banque, contribuera aux revenus familiaux avec un mari aussi instruit. Au lieu de huit enfants, ils auront entre deux ou trois enfants qui fréquenteront les mêmes écoles qu’ils ont fréquentées. Ses enfants trouveront une bibliothèque à la maison et des parents aussi, sinon plus, instruits que leurs maîtres d’école ou leurs professeurs, qui vont aussi participer à leur instruction à la maison. En plus, leurs parents auront une plus grande capacité d’acquérir des matériels et équipements pour soutenir leur instruction. Toutes ces générations de Sénégalais, semblables à cette jeune sénégalaise urbaine, vont élever de Nouveaux Sénégalais bien instruits qui, lorsqu’ils vont entrer dans le marché du travail, constitueront la première tranche d’un cadeau offert à l’économie sénégalaise par les transitions sociales à travers le marché du travail : un capital humain amélioré.

Les transitions sociales vont aussi transformer les marchés financiers au Sénégal. En effet, la deuxième tranche du cadeau offert à l’économie sénégalaise par les transitions sociales va transiter par les marchés financiers. Cette jeune sénégalaise urbaine et son mari, pour financer leur maison, leurs voitures, leur retraite qui va être plus longue qu’aujourd’hui en raison de l’amélioration des conditions sanitaires, et les études supérieures de leurs deux ou trois enfants, devront épargner. En d’autres termes, les Sénégalais auront une propension à épargner de plus en plus élevée en conséquence des transitions sociales que nous sommes en train de vivre qui va résulter au niveau macroéconomique en une réduction du coût de l’argent. Si une part de plus en plus importante parmi ces nouveaux Sénégalais devient plus entreprenante, la réduction du coût de l’argent se traduirait par une augmentation de l’investissement interne.


Implications sociales.

Les transitions sociales que nous vivons vont se traduire par une vulnérabilité grandissante. L’urbanisation va s’accompagner par une vulnérabilité grandissante qui serait associée au déphasage entre une érosion des systèmes traditionnels de solidarité de la société rurale que nous étions il y a cinquante ans et la mise en place de systèmes de solidarité plus adaptés à la société urbaine que nous sommes en train de devenir. Les pressions de temps, la distance et les nouveaux moyens d’échange et d’information associées à la vie urbaine ne sont pas en faveur des interactions interpersonnelles, des échanges émotionnels et des mécanismes de contrôle social qui étaient le ciment des systèmes traditionnels de solidarité de la société rurale que nous étions. Cette vulnérabilité grandissante se manifeste déjà dans la multiplication des associations de ressortissants de tel ou tel autre village, ou telle ou telle autre contrée. Elle se manifeste aussi dans la multiplication des associations socioculturelles des quartiers urbains. Faute de fournir des manteaux protecteurs contre la diversité des risques sociaux auxquels sont confrontés les urbains que nous sommes devenus, ces associations deviennent souvent des véhicules de violences et d’extériorations de nos frustrations dans un nouvel environnement urbain où peu d’autres connaissent votre nom. Ainsi, il sera nécessaire de mettre en place de nouvelles institutions pour minimiser les risques sociaux associés aux transitions sociales que nous sommes entrain de vivre.

Les transitions sociales vont exacerber la demande sociale dans le domaine de la santé. Les changements de mode de vie et d’environnement et des niveaux de fécondité associés à l’urbanisation et la transition démographique sont en train de précipiter la population sénégalaise dans une transition sanitaire. Le Sénégal aura à faire face à un double fardeau épidémiologique. Alors que les franges rurales et les plus pauvres de la population feront toujours face au fardeau des maladies infectieuses et transmissibles ; les sections urbaines et plus aisées, dont le poids politique sera augmenté par l’urbanisation, feront face à un fardeau épidémiologique dominé par les maladies cardio-vasculaires et non-transmissibles. A l’instar des organisations de retraités qui ont mis la pression sur les autorités au cours des dernières années pour bénéficier du plan sésame, les sections urbaines et plus aisées de la population qui vont faire face à des coûts de plus en plus élevés des soins de santé vont exercer des pressions politiques pour une meilleure couverture sanitaire : le ministère chargé de la santé ne parle-t-il pas déjà de façon étonnée de la prise en charge des soins coûteux ! En effet, le double fardeau épidémiologique a commencé par se traduire par de fortes tensions des priorités sanitaires où la solution se trouve dans la mise en commun des risques au lieu de fragmenter les instruments d’intervention ciblés sur une maladie ou sur une catégorie de la population aux risques élevés !

Les transitions sociales vont exacerber aussi les pressions sociales dans le domaine de l’éducation. Bien que notre société aille vers l’avant dans la transition démographique, les cohortes de jeunes Sénégalais qui vont frapper aux portes de l’école vont continuer à augmenter en conséquence du momentum démographique. Ces jeunes Sénégalais seront les enfants de Sénégalais dont la majorité sont instruits et urbains qui, par conséquent, auront des demandes et attentes plus élevées et plus sophistiquées par rapport à l’instruction de leurs enfants. Les organisations publiques et les entreprises privées auront besoin d’une main d’œuvre de qualité en réponse aux adaptations aux nouvelles technologies et à la globalisation. En d’autres termes, les pressions pour multiplier la quantité et la qualité de l’offre scolaire vont augmenter dans notre pays.

Rares sont les sphères de notre vie qui seront immunes aux transitions sociales. En plus des changements des fondamentaux de l’économie et de la demande sociale dans les secteurs sanitaires et éducatifs, l’urbanisation va se traduire par des pressions grandissantes pour adapter les systèmes de transport et de communication, les voies et réseaux divers, les systèmes d’alimentation en eau, d’évacuation des eaux usées et d’assainissement, et les systèmes de sécurité urbaine. Toutes ces pressions vont se traduire par des attentes et des demandes plus sophistiquées dans un champ politique où les citoyens urbains sont radicalement différents des citoyens ruraux des années d’indépendance.


Implications politiques.

En conséquence des transitions sociales que nous sommes en train de vivre, les bases de légitimation du pouvoir et des hiérarchies politiques vont changer. Si vous minez aujourd’hui la bénédiction de vos aïeux et pensez que celle-ci pourrait continuer à servir de base à votre statut social, économique et politique et à celui de vos enfants et petits enfants, vous vous trompez ! C’est là tout le symbole de la résistance des Sénégalais face à l’intention de dévolution du pouvoir du président Abdoulaye Wade à son fils : ce ne sont pas uniquement les Wade qui sont les seuls concernés !

Bien sûr que les Sénégalais vont continuer à être des Mourides, des Tidjanes, ou membres d’autres confréries : mais ils seront des nouveaux Mourides et des nouveaux Tidjanes aussi instruits et connaissant le Coran autant que les enfants du Khalife Général. Ainsi, dans le Sénégal en transition, l’ascendance religieuse et les connaissances religieuses vont être de moins en moins une base de légitimation du pouvoir. Le fait communautariste pourrait s’exacerber, mais il est invraisemblable qu’il va garder les configurations sociologiques et politiques d’aujourd’hui.
De plus en plus on va se trouver dans des schémas d’appartenance sectaire plus ou moins éloignés de la religion traditionnelle, où le groupe va tirer sa force de sa capacité de mobilisation et de lobbying, autour d’un gourou charismatique.

Les contours de la vie associative que nous avons connue au cours des dernières décennies sont sous agression par la mondialisation et la globalisation. Certes la vie associative va continuer à être importante, mais elle aura de nouvelles bases en conséquence du développement des moyens de communication, du niveau d’instruction de nos enfants, de la mobilité géographique, et de la participation des Sénégalais dans des processus de production transnationales à partir de leur résidence sur la Petite Côte ou la Grande Côte. Les anciens émigrés d’Italie, les anciens émigrés de France, les anciens émigrés d’Espagne, les anciens émigrés des Etats-Unis, etc. : de telles associations vont cohabiter avec les associations socioculturelles des quartiers et les syndicats que nous connaissons aujourd’hui. Investis dans les systèmes de sécurité sociale de leurs anciens pays d’émigration, les associations d’anciens émigrés et leurs enfants n’auront pas les mêmes intérêts que les Sénégalais qui n’auraient jamais quitté le pays. De la même façon que nos syndicats actuels se sont taillés un parasol de protection sociale avec les réformes sociales de 1975 et ont laissé en rade les autres catégories de la population employées dans les secteurs ruraux et informels, les tensions vont s’exacerber entre les solidarités locales et la solidarité nationale.

Nos partis politiques qui croulent sous la dictature de leur fondateur ne survivront pas les prochaines 20 années. Avec le niveau d’instruction des Nouveaux Sénégalais, leur mobilité et leur connexion au monde, il sera difficile de tenir des membres d’un parti sous une idéologie quelconque, une allégeance ou une hiérarchie quelconque pendant longtemps. Les partis politiques risquent d’avoir des durées de vie relativement courtes. Les phénomènes actuels de transhumance politique et de coalitions politiques éphémères ne sont-ils pas déjà les signes précurseurs de telles mutations politiques !




Dix questions pour coloniser notre futur :

Comment les Sénégalais vont utiliser le cadeau offert à l’économie et comment ils vont faire face à l’érosion des systèmes traditionnels de solidarité, à la demande sociale dans les systèmes sanitaires et éducatifs, et aux pressions politiques associées aux transitions sociales de la société sénégalaise va dépendre des institutions que les Sénégalais vont mettre en place au cours des prochaines décennies : bien sûr que les infrastructures physiques sont importantes pour réduire les coûts des transactions pour les acteurs économiques, mais le plus important reste les institutions que les Sénégalais vont mettre en place pour s’adapter aux transitions sociales qu’ils sont en train de vivre. Ainsi, confrontés en tant que société à des changements aussi profonds, les Sénégalais ne peuvent pas se payer le luxe de ne pas demander plus de clarté stratégique aux conversations politiques, aux acteurs politiques, et acteurs de la société civile.

Puisque nos acteurs politiques prétendent diriger notre pays demain, décider des règles qui vont définir comment nous allons vivre ensemble, décider des priorités de ce pays, et décider de l’allocation de nos ressources collectives, les Sénégalais s’attendent à des réponses claires à des questions ayant trait à leur devenir collectif. A la lumière du regard sur les transitions sociales qui transforment la société sénégalaise et de leurs implications économiques, sociales et politiques présentées ci-dessous, je voudrais suggérer une dizaine de questions, à l’endroit de nos acteurs politiques, qui me semblent importantes pour le devenir collectif des Sénégalais :

Domaine économique :
1. Comment envisagez-vous l’intervention de l’Etat dans l’économie pour traduire en une croissance économique soutenue le cadeau qui serait offert à l’économie sénégalaise par les transitions sociales que les Sénégalais sont en train de vivre actuellement?

2. Quelles innovations institutionnelles allez-vous mettre en place pour transformer les opportunités associées aux transitions sociales en piliers de la croissance économique et de l’éradication de la pauvreté? Comment faire bénéficier à la majorité des Sénégalais des gains et des richesses qui seraient créés par le cadeau alors offert à l’économie par les transitions sociales?

3. Quelles innovations allez-vous apporter dans les institutions financières pour répondre aux besoins des Nouveaux Sénégalais qui sont en train d’émerger en conséquence des transitions sociales ?


Domaine social :
4. Comment envisagez-vous l’intervention de l’Etat dans la santé pour faire face aux tensions de priorités liées à la transition sanitaire ? Quel est votre projet de système de santé face aux enjeux associés aux transitions démographiques et épidémiologiques qui transforment la société sénégalaise ?

5. Comment envisagez-vous l’intervention de l’Etat dans l’éducation pour faire face aux tensions culturelles liées à la mondialisation? Quel est votre projet d’école sénégalaise face aux enjeux associés aux transitions sociales que traverse la société sénégalaise ?

6. Comment envisagez-vous l’amélioration du cadre de vie de millions de Sénégalais qui vont vivre dans nos grandes villes et villes secondaires ? Quel avenir envisagez-vous pour le village sénégalais face aux transitions sociales que traverse la société sénégalaise ?

Domaine politique :
7. Comment envisagez-vous le partage du pouvoir dans le système politique face aux Sénégalais exigeants qui émergent en conséquence des transitions sociales que traverse la société sénégalaise ? Le cumul des mandats (Ministre-maire, député-maire, député-président de conseil régional, député-président de conseil rural, etc.) devrait-il être maintenu ou aboli au Sénégal ?

8. Comment envisagez-vous l’organisation administrative et territoriale du Sénégal dans un pays qui sera urbain dans les prochaines décennies? Comment envisagez-vous le choix des membres des organes délibérants de la collectivité nationale et des collectivités décentralisées, des exécutifs aux niveaux central et décentralisé?

9. Comment envisagez-vous l’organisation des partis politiques face aux Sénégalais exigeants qui émergent en conséquence des transitions sociales que traverse la société sénégalaise ?

10. Comment envisagez-vous le choix des juges de nos tribunaux face aux transitions sociales que traverse la société sénégalaise ? Devraient-ils être élus ou nommés ?

Je ne pense pas que le reflexe que nous avons nourri durant toutes les cinq dernières décennies à copier les institutions françaises pour faire face à nos problèmes sociaux et politiques serait utile pour répondre à ces questions : ce reflexe pourrait même être dangereux ! Cependant, à la lumière de l’histoire et des changements institutionnels qu’ont connus des sociétés ayant vécu des transitions sociales similaires à celles que nous sommes en train de vivre, je suis persuadé qu’il nous faudra (i) des innovations institutionnelles portées par des entrepreneurs politiques au sens éthique élevé et (ii) une nouvelle citoyenneté fondée sur la pleine réalisation de la triade des droits civils, des droits politiques dé aussi qu’aux prochaines élections, que beaucoup de ces Nouveaux Sénégalais en transition vont voter sur la base de la perception qu’ils ont du sens de l’éthique des dirigeants politiques, de leurs discours sur les droits civils, les droits politiques et les droits sociaux, et de leurs réponses aux questions ci-dessus.