lundi 20 juin 2011

Le Sénégal en transition

Le Sénégal, un pays en transition.
(Cette contribution est celle d'un ami dont je partage les idées)

Je voudrais suggérer dans cette contribution qu’il y a des changements que la société sénégalaise est en train de vivre, qui ne font pas de bruit et qui ne tapent pas à l’œil, qui ne sont pas télévisés, mais qui ont des conséquences profondes sur le devenir des Sénégalais, et à mon avis, ce sont des changements de cette nature qui méritent l’attention des Sénégalais.. Ces changements sont des forces silencieuses enclenchées depuis plusieurs décennies dont la survenue et les conséquences se manifestent déjà et vont s’étendre sur plusieurs décennies. Ces forces impriment des tendances lourdes aux évolutions possibles de notre société et appellent de profondes réflexions sur les innovations institutionnelles qu’il faudrait mettre en place pour faire face aux défis qui leurs sont associés et saisir les opportunités qu’elles ouvrent pour un mieux-être des Sénégalais.

Dans la suite de cette contribution, je vais suggérer que nous sommes des Sénégalais en transition : je vais schématiser ces transitions sociales pour susciter des réflexions des Sénégalais sur comment ils vivent ces changements. Sans aucune prétention d’exhaustivité, je vais ensuite suggérer des implications économiques, sociales et politiques de ces transitions sociales. Je vais terminer par des questions liées aux implications associées aux transitions sociales que vivent les Sénégalais dont l’intention est de fournir une trame de lecture des programmes, intentions, discours et conversations de nos acteurs politiques.

Des Sénégalais en transition

Nous sommes devenus des urbains. En 1960, nous n’étions juste que 3 millions de Sénégalais : près de 80% des Sénégalais vivaient dans les zones rurales à cette date. Cinquante ans après, nous comptons environ 12 millions de Sénégalais, dont près de la moitié vit dans les zones urbaines : il y a deux fois plus de Sénégalais qui vivent actuellement dans les villes qu’il n’y avait de Sénégalais en 1960. Dans cinquante ans, au centième anniversaire de l’indépendance du Sénégal, notre pays va compter environ 25 millions de Sénégalais et près de 3 Sénégalais sur 4 vivront vraisemblablement dans les villes. Ces changements quantitatifs qui sont les plus apparents et les plus aisés à décrire par nos systèmes statistiques sont associés à des changements qualitatifs des modes de reproduction sociale qui sont plus discrets mais ayant des conséquences profondes sur le devenir de la société sénégalaise.

La famille sénégalaise a dramatiquement changé durant ces cinq dernières décennies. En 1960, les attentes de notre société pour une femme sénégalaise âgée de 15 ans étaient de se marier dans les cinq prochaines années, d’avoir sept à huit enfants au cours de ses trente années à venir, et de subir l’autorité de son mari. Son statut et sa réussite sociale étaient appréciés sous trois dimensions que sont : le mariage, la durée de ce mariage et la procréation. C’étaient là les attentes de la société rurale que nous étions en 1960 pour nos jeunes femmes. Aujourd’hui, dans la société urbaine que nous sommes devenus, nos attentes pour une femme sénégalaise âgée de 15 ans sont de finir sa formation secondaire, d’acquérir une formation universitaire ou professionnelle, de trouver un emploi bien rémunérateur, et de se marier après avoir sécurisé les moyens de son indépendance. Rares sont les jeunes filles sénégalaises d’aujourd’hui qui envisagent d’avoir sept à huit enfants comme cette jeune sénégalaise rurale de 1960 ; elles rêvent plutôt de deux à trois enfants et de l’indépendance et de la sécurité qu’offre un emploi rémunérateur. La récente loi sur la parité est portée par cette Nouvelle Sénégalaise.

Le système d’éducation de nos enfants a dramatiquement changé durant ces cinq dernières décennies. En 1960, l’enfant sénégalais était éduqué dans le sérail de la famille élargie, dans le champ de mil familial, le troupeau de bœufs ou l’atelier de cordonnier de la famille. Du point de vue de leur éducation, un jeune sénégalais de Tambacounda était aussi différent qu’un jeune de St Louis, que les jeunes sénégalais d’aujourd’hui sont différents des jeunes chinois. Aujourd’hui que les jeunes sénégalais reçoivent une bonne partie de leur éducation à travers l’école, la radio, la télévision, et l’internet, en plus de la famille, ces systèmes de transfert de connaissances et d’information sont entrain de façonner un Nouveau Sénégalais. Un Nouveau Sénégalais qui est plus indépendant des pesanteurs et de la mémoire du passé.

Oui, nous sommes des Sénégalais en Transition. Les changements que je viens de schématiser ci-haut sont des changements traceurs de transitions sociales profondes qui sont entrain de moudre une nouvelle société sénégalaise. L’urbanisation est entrain de transformer dramatiquement les modes de vie et l’environnement où vivent les Sénégalais. Une autre forme de transition qui est aussi associée à l’urbanisation, la transition démographique, est en train de transformer l’unité familiale et les modes de reproduction de la société sénégalaise. Enfin, notre système d’éducation et notre connexion à des systèmes globaux de transferts de connaissances et d’informations sont en train de nous installer au cœur de la révolution des nouvelles technologies de l’information et des processus de mondialisation.

Ces transitions sont en train de transformer comment nous produisons, comment nous consommons, comment nous interagissons entre nous, comment nous éduquons nos enfants, comment nous appréhendons notre passé et les évènements de notre quotidien, comment nous formons nos jugements, comment nous envisageons notre futur, et quelles dispositions nous prenons pour notre avenir et celui de nos enfants. Ces changements ont des implications économiques, sociales, et politiques importantes qui, si elles étaient appréhendées à leur juste valeur, ramèneraient l’alternance politique de l’année 2000 à la dimension d’un fait divers.




Implications économiques.

Les transitions sociales résumées ci-dessus ont des implications importantes pour l’économie du Sénégal. Des implications sur la qualité de la main-d’œuvre et la propension à épargner sont résumées ci-dessous à titre illustratif. Le choix sur ces dimensions n’est par fortuit : la qualité de la main d’œuvre et la propension à épargner sont des paramètres fondamentaux d’une économie qui ont des associations étroites avec les structures prédominantes d’une société.

Les transitions sociales que nous vivons vont transformer le marché du travail au Sénégal. Tenez ! Cette jeune sénégalaise urbaine de 15 ans d’aujourd’hui qui envisage de finir sa formation secondaire, d’acquérir une formation universitaire, et de trouver un emploi bien rémunérateur. Ayant cet emploi, elle aura son compte en banque, contribuera aux revenus familiaux avec un mari aussi instruit. Au lieu de huit enfants, ils auront entre deux ou trois enfants qui fréquenteront les mêmes écoles qu’ils ont fréquentées. Ses enfants trouveront une bibliothèque à la maison et des parents aussi, sinon plus, instruits que leurs maîtres d’école ou leurs professeurs, qui vont aussi participer à leur instruction à la maison. En plus, leurs parents auront une plus grande capacité d’acquérir des matériels et équipements pour soutenir leur instruction. Toutes ces générations de Sénégalais, semblables à cette jeune sénégalaise urbaine, vont élever de Nouveaux Sénégalais bien instruits qui, lorsqu’ils vont entrer dans le marché du travail, constitueront la première tranche d’un cadeau offert à l’économie sénégalaise par les transitions sociales à travers le marché du travail : un capital humain amélioré.

Les transitions sociales vont aussi transformer les marchés financiers au Sénégal. En effet, la deuxième tranche du cadeau offert à l’économie sénégalaise par les transitions sociales va transiter par les marchés financiers. Cette jeune sénégalaise urbaine et son mari, pour financer leur maison, leurs voitures, leur retraite qui va être plus longue qu’aujourd’hui en raison de l’amélioration des conditions sanitaires, et les études supérieures de leurs deux ou trois enfants, devront épargner. En d’autres termes, les Sénégalais auront une propension à épargner de plus en plus élevée en conséquence des transitions sociales que nous sommes en train de vivre qui va résulter au niveau macroéconomique en une réduction du coût de l’argent. Si une part de plus en plus importante parmi ces nouveaux Sénégalais devient plus entreprenante, la réduction du coût de l’argent se traduirait par une augmentation de l’investissement interne.


Implications sociales.

Les transitions sociales que nous vivons vont se traduire par une vulnérabilité grandissante. L’urbanisation va s’accompagner par une vulnérabilité grandissante qui serait associée au déphasage entre une érosion des systèmes traditionnels de solidarité de la société rurale que nous étions il y a cinquante ans et la mise en place de systèmes de solidarité plus adaptés à la société urbaine que nous sommes en train de devenir. Les pressions de temps, la distance et les nouveaux moyens d’échange et d’information associées à la vie urbaine ne sont pas en faveur des interactions interpersonnelles, des échanges émotionnels et des mécanismes de contrôle social qui étaient le ciment des systèmes traditionnels de solidarité de la société rurale que nous étions. Cette vulnérabilité grandissante se manifeste déjà dans la multiplication des associations de ressortissants de tel ou tel autre village, ou telle ou telle autre contrée. Elle se manifeste aussi dans la multiplication des associations socioculturelles des quartiers urbains. Faute de fournir des manteaux protecteurs contre la diversité des risques sociaux auxquels sont confrontés les urbains que nous sommes devenus, ces associations deviennent souvent des véhicules de violences et d’extériorations de nos frustrations dans un nouvel environnement urbain où peu d’autres connaissent votre nom. Ainsi, il sera nécessaire de mettre en place de nouvelles institutions pour minimiser les risques sociaux associés aux transitions sociales que nous sommes entrain de vivre.

Les transitions sociales vont exacerber la demande sociale dans le domaine de la santé. Les changements de mode de vie et d’environnement et des niveaux de fécondité associés à l’urbanisation et la transition démographique sont en train de précipiter la population sénégalaise dans une transition sanitaire. Le Sénégal aura à faire face à un double fardeau épidémiologique. Alors que les franges rurales et les plus pauvres de la population feront toujours face au fardeau des maladies infectieuses et transmissibles ; les sections urbaines et plus aisées, dont le poids politique sera augmenté par l’urbanisation, feront face à un fardeau épidémiologique dominé par les maladies cardio-vasculaires et non-transmissibles. A l’instar des organisations de retraités qui ont mis la pression sur les autorités au cours des dernières années pour bénéficier du plan sésame, les sections urbaines et plus aisées de la population qui vont faire face à des coûts de plus en plus élevés des soins de santé vont exercer des pressions politiques pour une meilleure couverture sanitaire : le ministère chargé de la santé ne parle-t-il pas déjà de façon étonnée de la prise en charge des soins coûteux ! En effet, le double fardeau épidémiologique a commencé par se traduire par de fortes tensions des priorités sanitaires où la solution se trouve dans la mise en commun des risques au lieu de fragmenter les instruments d’intervention ciblés sur une maladie ou sur une catégorie de la population aux risques élevés !

Les transitions sociales vont exacerber aussi les pressions sociales dans le domaine de l’éducation. Bien que notre société aille vers l’avant dans la transition démographique, les cohortes de jeunes Sénégalais qui vont frapper aux portes de l’école vont continuer à augmenter en conséquence du momentum démographique. Ces jeunes Sénégalais seront les enfants de Sénégalais dont la majorité sont instruits et urbains qui, par conséquent, auront des demandes et attentes plus élevées et plus sophistiquées par rapport à l’instruction de leurs enfants. Les organisations publiques et les entreprises privées auront besoin d’une main d’œuvre de qualité en réponse aux adaptations aux nouvelles technologies et à la globalisation. En d’autres termes, les pressions pour multiplier la quantité et la qualité de l’offre scolaire vont augmenter dans notre pays.

Rares sont les sphères de notre vie qui seront immunes aux transitions sociales. En plus des changements des fondamentaux de l’économie et de la demande sociale dans les secteurs sanitaires et éducatifs, l’urbanisation va se traduire par des pressions grandissantes pour adapter les systèmes de transport et de communication, les voies et réseaux divers, les systèmes d’alimentation en eau, d’évacuation des eaux usées et d’assainissement, et les systèmes de sécurité urbaine. Toutes ces pressions vont se traduire par des attentes et des demandes plus sophistiquées dans un champ politique où les citoyens urbains sont radicalement différents des citoyens ruraux des années d’indépendance.


Implications politiques.

En conséquence des transitions sociales que nous sommes en train de vivre, les bases de légitimation du pouvoir et des hiérarchies politiques vont changer. Si vous minez aujourd’hui la bénédiction de vos aïeux et pensez que celle-ci pourrait continuer à servir de base à votre statut social, économique et politique et à celui de vos enfants et petits enfants, vous vous trompez ! C’est là tout le symbole de la résistance des Sénégalais face à l’intention de dévolution du pouvoir du président Abdoulaye Wade à son fils : ce ne sont pas uniquement les Wade qui sont les seuls concernés !

Bien sûr que les Sénégalais vont continuer à être des Mourides, des Tidjanes, ou membres d’autres confréries : mais ils seront des nouveaux Mourides et des nouveaux Tidjanes aussi instruits et connaissant le Coran autant que les enfants du Khalife Général. Ainsi, dans le Sénégal en transition, l’ascendance religieuse et les connaissances religieuses vont être de moins en moins une base de légitimation du pouvoir. Le fait communautariste pourrait s’exacerber, mais il est invraisemblable qu’il va garder les configurations sociologiques et politiques d’aujourd’hui.
De plus en plus on va se trouver dans des schémas d’appartenance sectaire plus ou moins éloignés de la religion traditionnelle, où le groupe va tirer sa force de sa capacité de mobilisation et de lobbying, autour d’un gourou charismatique.

Les contours de la vie associative que nous avons connue au cours des dernières décennies sont sous agression par la mondialisation et la globalisation. Certes la vie associative va continuer à être importante, mais elle aura de nouvelles bases en conséquence du développement des moyens de communication, du niveau d’instruction de nos enfants, de la mobilité géographique, et de la participation des Sénégalais dans des processus de production transnationales à partir de leur résidence sur la Petite Côte ou la Grande Côte. Les anciens émigrés d’Italie, les anciens émigrés de France, les anciens émigrés d’Espagne, les anciens émigrés des Etats-Unis, etc. : de telles associations vont cohabiter avec les associations socioculturelles des quartiers et les syndicats que nous connaissons aujourd’hui. Investis dans les systèmes de sécurité sociale de leurs anciens pays d’émigration, les associations d’anciens émigrés et leurs enfants n’auront pas les mêmes intérêts que les Sénégalais qui n’auraient jamais quitté le pays. De la même façon que nos syndicats actuels se sont taillés un parasol de protection sociale avec les réformes sociales de 1975 et ont laissé en rade les autres catégories de la population employées dans les secteurs ruraux et informels, les tensions vont s’exacerber entre les solidarités locales et la solidarité nationale.

Nos partis politiques qui croulent sous la dictature de leur fondateur ne survivront pas les prochaines 20 années. Avec le niveau d’instruction des Nouveaux Sénégalais, leur mobilité et leur connexion au monde, il sera difficile de tenir des membres d’un parti sous une idéologie quelconque, une allégeance ou une hiérarchie quelconque pendant longtemps. Les partis politiques risquent d’avoir des durées de vie relativement courtes. Les phénomènes actuels de transhumance politique et de coalitions politiques éphémères ne sont-ils pas déjà les signes précurseurs de telles mutations politiques !




Dix questions pour coloniser notre futur :

Comment les Sénégalais vont utiliser le cadeau offert à l’économie et comment ils vont faire face à l’érosion des systèmes traditionnels de solidarité, à la demande sociale dans les systèmes sanitaires et éducatifs, et aux pressions politiques associées aux transitions sociales de la société sénégalaise va dépendre des institutions que les Sénégalais vont mettre en place au cours des prochaines décennies : bien sûr que les infrastructures physiques sont importantes pour réduire les coûts des transactions pour les acteurs économiques, mais le plus important reste les institutions que les Sénégalais vont mettre en place pour s’adapter aux transitions sociales qu’ils sont en train de vivre. Ainsi, confrontés en tant que société à des changements aussi profonds, les Sénégalais ne peuvent pas se payer le luxe de ne pas demander plus de clarté stratégique aux conversations politiques, aux acteurs politiques, et acteurs de la société civile.

Puisque nos acteurs politiques prétendent diriger notre pays demain, décider des règles qui vont définir comment nous allons vivre ensemble, décider des priorités de ce pays, et décider de l’allocation de nos ressources collectives, les Sénégalais s’attendent à des réponses claires à des questions ayant trait à leur devenir collectif. A la lumière du regard sur les transitions sociales qui transforment la société sénégalaise et de leurs implications économiques, sociales et politiques présentées ci-dessous, je voudrais suggérer une dizaine de questions, à l’endroit de nos acteurs politiques, qui me semblent importantes pour le devenir collectif des Sénégalais :

Domaine économique :
1. Comment envisagez-vous l’intervention de l’Etat dans l’économie pour traduire en une croissance économique soutenue le cadeau qui serait offert à l’économie sénégalaise par les transitions sociales que les Sénégalais sont en train de vivre actuellement?

2. Quelles innovations institutionnelles allez-vous mettre en place pour transformer les opportunités associées aux transitions sociales en piliers de la croissance économique et de l’éradication de la pauvreté? Comment faire bénéficier à la majorité des Sénégalais des gains et des richesses qui seraient créés par le cadeau alors offert à l’économie par les transitions sociales?

3. Quelles innovations allez-vous apporter dans les institutions financières pour répondre aux besoins des Nouveaux Sénégalais qui sont en train d’émerger en conséquence des transitions sociales ?


Domaine social :
4. Comment envisagez-vous l’intervention de l’Etat dans la santé pour faire face aux tensions de priorités liées à la transition sanitaire ? Quel est votre projet de système de santé face aux enjeux associés aux transitions démographiques et épidémiologiques qui transforment la société sénégalaise ?

5. Comment envisagez-vous l’intervention de l’Etat dans l’éducation pour faire face aux tensions culturelles liées à la mondialisation? Quel est votre projet d’école sénégalaise face aux enjeux associés aux transitions sociales que traverse la société sénégalaise ?

6. Comment envisagez-vous l’amélioration du cadre de vie de millions de Sénégalais qui vont vivre dans nos grandes villes et villes secondaires ? Quel avenir envisagez-vous pour le village sénégalais face aux transitions sociales que traverse la société sénégalaise ?

Domaine politique :
7. Comment envisagez-vous le partage du pouvoir dans le système politique face aux Sénégalais exigeants qui émergent en conséquence des transitions sociales que traverse la société sénégalaise ? Le cumul des mandats (Ministre-maire, député-maire, député-président de conseil régional, député-président de conseil rural, etc.) devrait-il être maintenu ou aboli au Sénégal ?

8. Comment envisagez-vous l’organisation administrative et territoriale du Sénégal dans un pays qui sera urbain dans les prochaines décennies? Comment envisagez-vous le choix des membres des organes délibérants de la collectivité nationale et des collectivités décentralisées, des exécutifs aux niveaux central et décentralisé?

9. Comment envisagez-vous l’organisation des partis politiques face aux Sénégalais exigeants qui émergent en conséquence des transitions sociales que traverse la société sénégalaise ?

10. Comment envisagez-vous le choix des juges de nos tribunaux face aux transitions sociales que traverse la société sénégalaise ? Devraient-ils être élus ou nommés ?

Je ne pense pas que le reflexe que nous avons nourri durant toutes les cinq dernières décennies à copier les institutions françaises pour faire face à nos problèmes sociaux et politiques serait utile pour répondre à ces questions : ce reflexe pourrait même être dangereux ! Cependant, à la lumière de l’histoire et des changements institutionnels qu’ont connus des sociétés ayant vécu des transitions sociales similaires à celles que nous sommes en train de vivre, je suis persuadé qu’il nous faudra (i) des innovations institutionnelles portées par des entrepreneurs politiques au sens éthique élevé et (ii) une nouvelle citoyenneté fondée sur la pleine réalisation de la triade des droits civils, des droits politiques dé aussi qu’aux prochaines élections, que beaucoup de ces Nouveaux Sénégalais en transition vont voter sur la base de la perception qu’ils ont du sens de l’éthique des dirigeants politiques, de leurs discours sur les droits civils, les droits politiques et les droits sociaux, et de leurs réponses aux questions ci-dessus.

samedi 18 juin 2011

crise des hôpitaux

Réflexions sur la gestion des hôpitaux.(Cette contribution est l'oeuvre d'un ami très cher dont je partage toutes les idées sur la question)
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Faiblesses de l’analyse de la crise des hôpitaux.

Si les citoyens, les professionnels de santé et les autorités publiques, chacun pour des raisons qui lui sont propres, ne sont pas satisfaits des hôpitaux publics, c’est que les hôpitaux publics ont un grand problème. Les citoyens se plaignent des problèmes d’accès aux services hospitaliers. Les professionnels de santé se plaignent de ne pas avoir été impliqués dans la mise en œuvre de la réforme hospitalière et des délais de paiement de leurs indemnités de « motivations ». Les autorités publiques se plaignent des dettes des hôpitaux publics qu’elles seront obligées d’absorber. Face à tous ces blâmes et plaintes, il y a lieu de se demander si les hôpitaux publics sont les seuls responsables des problèmes auxquels ils sont confrontés.
Est-ce que les hôpitaux sont responsables des problèmes d’accès des citoyens aux services hospitaliers ? Les problèmes d’accès aux services hospitaliers sont liés non seulement aux niveaux des tarifs des services, mais aussi aux niveaux de revenus et aux mécanismes à travers lesquels les citoyens payent pour les services hospitaliers. Premièrement, il faut rappeler ici que la détermination des tarifs des hôpitaux n’incombe pas uniquement aux hôpitaux et leur conseil d’administratif respectif. C’est l’Etat, à travers les ministères chargés du commerce et de la santé, qui détermine les règles de définition des tarifs des services hospitaliers, y incluse la fourchette dans laquelle doivent s’inscrire tous les tarifs des hôpitaux. Ainsi, dans le domaine de la tarification des services hospitaliers, l’EPS ne jouit que de droits résiduels qu’il exerce dans un cadre restreint défini par la réglementation. En d’autres termes, le domaine de la tarification des services hospitaliers est un domaine de responsabilité partagée entre l’Etat et l’établissement public de santé.
Deuxièmement, personne ne va s’aventurer à faire porter la responsabilité des faiblesses des niveaux de revenus et des mécanismes à travers lesquels les citoyens payent pour les services hospitaliers aux EPS. Les EPS ne sont pas responsables de la politique économique du pays, encore moins du niveau des revenus des Sénégalais. Par ailleurs, les EPS sont appelés à disposer de services sociaux pour administrer un système d’exemptions pour assurer l’accès aux soins aux catégories de la population qui n’ont pas la capacité de payer, à savoir aux plus démunis et aux indigents : dans ce mécanisme de prise en charge des soins, cependant, le rôle du service social de l’EPS est strictement administratif ; la politique d’exemption et le financement des exemptions sont du seul ressort de l’Etat et des collectivités locales. Reste à savoir maintenant si l’Etat et les collectivités locales prennent leur responsabilité dans le cadre de la prise en charge des indigents.
Pour les autres catégories de la population, il est préférable de bénéficier de la couverture d’un système d’assurance maladie (assurance commerciale, institutions de prévoyance maladie, ou mutuelles de santé) pour accéder aux services hospitaliers et atténuer les incidences financières des soins au niveau des hôpitaux. Dans aucun pays au monde, les hôpitaux ne sont responsables de la politique de l’assurance maladie : la promotion de l’assurance maladie est une responsabilité de l’Etat et des collectivités locales.
Les hôpitaux sont-ils responsables de la faible implication des professionnels de santé dans la mise en œuvre de la reforme hospitalière et des délais de paiement de leurs indemnités de motivations ? Les hôpitaux sont un parmi les acteurs de la réforme hospitalière : ils contribuent à la conception et la mise en œuvre de la réforme hospitalière. La réforme hospitalière est, cependant, l’expression d’une volonté des pouvoirs publics : nous reviendrons sur les fossés dans l’initiation de la réforme hospitalière !
Qu’en est-il de la motivation du personnel hospitalier ? Dans ce domaine précis, l’Etat a outrepassé ses prérogatives, lorsque pour faire taire les grèves et les revendications des syndicats du secteur de la santé, il a imposé aux hôpitaux nouvellement autonomes à payer des motivations au personnel des hôpitaux à hauteur de 25% des recettes générées par les hôpitaux. En d’autres termes, l’Etat s’est ingéré dans la gestion des hôpitaux en leur créant des charges dont il n’est pas certain qu’ils peuvent supporter le poids.
Est-ce que les gestionnaires des hôpitaux sont responsables des déficits accumulés par les hôpitaux publics ? Le Président de la République, dans son discours à la nation du 31 décembre 2008, a-t-il raison de faire porter toute la responsabilité des déficits des hôpitaux aux gestionnaires des hôpitaux ? Si la responsabilité de ces dettes n’incombait seulement qu’aux gestionnaires des hôpitaux, on devrait s’attendre, toutes choses égales par ailleurs, à observer des hôpitaux déficitaires et des hôpitaux qui génèrent des surplus. Ceci n’est pas le cas : sur les dix-sept (17) établissements publics de santé (EPS), tous accumulent des dettes importantes. Que tous les EPS croulent sous des dettes importantes devrait amener les autorités publiques à chercher les causes non seulement au niveau organisationnel, à savoir au niveau individuel de la gestion de chaque hôpital, mais aussi au niveau systémique, à savoir au niveau des politiques et règles qui régissent les relations entre les pouvoirs publics et les hôpitaux, et les relations entre les citoyens et les hôpitaux. Nous reviendrons sur les causes de l’endettement des hôpitaux !
A la lecture des réponses aux questions ci-dessous, il est clair que faire porter le blâme des fossés dans la gestion des hôpitaux à la réforme hospitalière et aux gestionnaires des hôpitaux est trop facile et ne résiste pas à l’analyse. Cette conclusion partielle n’est pas un blanchissement des gestionnaires des hôpitaux relativement aux causes de la crise actuelle des hôpitaux ; c’est surtout une invitation à une réflexion plus profonde sur les causes de la crise des hôpitaux au Sénégal.

Des causes systémiques de la crise des hôpitaux au Sénégal
Le Sénégal est parmi les derniers pays en Afrique à avoir engagé la réforme hospitalière. La Côte d’Ivoire, le Bénin, le Niger et le Mali, pour ne citer que les pays francophones d’Afrique de l’Ouest, ont octroyé l’autonomie à leurs hôpitaux publics plus d’une décennie avant la réforme hospitalière au Sénégal, même si le premier séminaire sur la question en Afrique de l’Ouest s’est tenu à Dakar en 1985 Ces pays francophones d’Afrique ont engagé leur réforme hospitalière sans des grèves récurrentes dans les hôpitaux et sans un endettement chronique des hôpitaux . Pourquoi la réforme hospitalière et les hôpitaux sont-ils en train de s’enliser au Sénégal ?
Une des réponses à cette question est liée au contexte dans lequel l’autonomisation des hôpitaux a été initiée au Sénégal et qui s’est traduit par des tares congénitales de la réforme hospitalière sénégalaise. En effet, la réforme hospitalière est née sous deux compromis qu’il est difficile à réconcilier et qui ont eu des implications importantes sur la viabilité des nouveaux hôpitaux autonomes : un compromis entre la décentralisation politique et administrative et la décentralisation technique; un compromis entre le centralisme étatique et les exigences des professionnels de la santé. Il est suggéré ci-dessous que le compromis entre la décentralisation politique et administrative et la décentralisation technique s’est traduit dès l’initiation de la réforme hospitalière par des défis de la viabilité institutionnelle des nouveaux hôpitaux autonomes. Par ailleurs, le compromis entre le centralisme étatique et les exigences des professionnels de la santé s’est traduit par des défis de la viabilité financière des nouveaux hôpitaux autonomes.
Un compromis entre la décentralisation politique et administrative et la décentralisation technique. Entre 1992 et 1996, le Sénégal a engagé de profondes réflexions sur la décentralisation qui ont abouti aux réormes de décentralisation administrative et politique de 1996, appelées communément la régionalisation au Sénégal. A travers ces reformes, l’Etat a créé une nouvelle entité politique, la région, et dévolu des compétences, dont la santé, aux collectivités locales. La responsabilité de la gestion des hôpitaux régionaux a été dévolue à la nouvelle collectivité locale qu’est la région : une collectivité locale sans territoire, sans ressources propres, sans administration locale ; en d’autres termes, une collectivité locale sans autorité.
Cette réforme majeure est intervenue quand les acteurs de la santé étaient en train de préparer le plan décennal de développement du secteur de la santé (PNDS). Dans les premiers documents du PNDS, les acteurs de la santé envisageaient l’initiation de la réforme hospitalière sur la base d’une approche incrémentielle. Il était prévu d’octroyer l’autonomie à quelques hôpitaux durant une phase pilote, et étendre la réforme hospitalière à l’ensemble des hôpitaux dans des phases ultérieures. L’approche incrémentielle est très usuelle dans les réformes très complexes du secteur de la santé : dans le cadre de l’approche incrémentielle, la phase pilote est utilisée pour renforcer le consensus entre les parties prenantes sur le cours des action politiques à prendre, développer les instruments juridiques de la réforme, adapter les stratégies, développer des nouveaux systèmes de gestion, et renforcer les capacités des acteurs pour la mise en œuvre. C’est durant la phase pilote que les parties prenantes en général, les professionnels de la santé, dans un secteur où la légitimité cognitive est très importante comme le secteur de la santé, en particulier, sont impliqués dans le processus pour s’assurer leur appropriation de la réforme dès son initiation.
Avec la mise en œuvre des réformes de régionalisation en 1997, les hôpitaux régionaux se sont retrouvés sous une nouvelle tutelle, la région, à qui les budgets des hôpitaux régionaux ont été transférés. Les budgets des hôpitaux régionaux constituent la part la plus importante du fonds de dotation transférés par l’Etat aux régions, des collectivités locales sans ressources propres, créant ainsi une source institutionnelle de conflits entre les hommes politiques qui dirigent les conseils régionaux et les hôpitaux régionaux. Dès l’année 1997, les directeurs des hôpitaux régionaux ont eu et continuent à avoir toutes les difficultés du monde pour recevoir leurs crédits ; en plus, certains des présidents de conseils régionaux ont détourné une partie des budgets des hôpitaux vers d’autres destinations, en toute impunité.
Avec la dévolution de la gestion des hôpitaux régionaux aux régions et les difficultés rencontrées par les hôpitaux dès la mise en œuvre de la reforme de la régionalisation en 1997, le Ministère de la Santé ne pouvait plus se permettre le luxe d’une phase pilote. Il lui fallait protéger le noyau dur du secteur de la santé : les hôpitaux. C’est pourquoi le Ministère de la Santé a engagé le bras de fer dès 1997.
Une inspection nationale a été lancée pour auditer la gestion des ressources de la santé transférées aux collectivités locales à travers le fonds de dotation de la décentralisation. Cette inspection a abouti sur un rapport de braises sur la mauvaise gestion des budgets des hôpitaux par les présidents de conseil régional, des budgets des districts sanitaires par les maires. Le ministère chargé de la décentralisation, dirigé par un maire à l’époque, y mettra de l’eau devant le conseil national des collectivités locales en parlant des petits problèmes de la décentralisation dans le secteur de la santé. Les enjeux politiques de la décentralisation administrative et politique étaient beaucoup plus importants que les petits problèmes budgétaires des hôpitaux et des districts sanitaires !
Le Ministère de la Santé s’est alors résolu d’engager le processus d’autonomisation des hôpitaux dans un environnement politique contraignant. En effet, les réalités du partage des pouvoirs dans le système politique sénégalais n’étaient pas en faveur des acteurs de la santé. A la faveur du cumul des mandats, beaucoup de membres du gouvernement étaient des maires ; les leaders de l’assemblée nationale sont soient des présidents de conseil régional, soient des maires, qui pour leur grande majorité étaient des leaders du parti socialiste au pouvoir.
La loi de 1998 qui initie la réforme hospitalière, quelques mois seulement après que la gestion des hôpitaux régionaux ait été transférée aux régions en 1996, est adoptée sous le signe d’un compromis entre la réforme de décentralisation administrative et politique et la réforme de décentralisation technique qu’est la réforme hospitalière : un compromis qui, au lieu de mitiger, a plutôt augmenté, les sources institutionnelles de conflits entre les élus locaux et les professionnels de la santé. En effet, la réforme de décentralisation administrative et politique octroie des droits de décision résiduels aux élus locaux sur l’espace hospitalier ; par ailleurs, la réforme de décentralisation technique, qu’est la réforme hospitalière, octroie aussi des droits de décision résiduels aux professionnels de la santé sur le même espace hospitalier.
Ce contexte du lancement de la réforme hospitalière a eu des implications importantes sur les arrangements institutionnels de la réforme hospitalière, la mise en œuvre de la réforme, et la situation actuelle des hôpitaux. Premièrement, la phase pilote qui devait servir de plateforme au processus de légitimation de la réforme hospitalière auprès des professionnels de la santé n’a pas eu lieu. C’est pourquoi il est fréquent d’entendre les professeurs de médecine et les associations des professionnels de la santé dire tout haut, chaque fois que ça les arrange, qu’ils n’ont pas été impliqués dans la conception de la réforme hospitalière. Qu’une partie prenante de la réforme hospitalière aussi importante que les professionnels de santé ait une telle position a porté un énorme préjudice aux arrangements institutionnels de la réforme.
Deuxièmement, la phase pilote devait servir aussi de base pour élaborer tous les textes juridiques ayant trait à la réforme hospitalière. Celle-ci n’ayant pas eu lieu, la réforme a été engagée sans que des textes clés aient été adoptés, dont le fameux texte sur le statut du personnel des établissements publics de santé. Certains nouveaux systèmes de gestion des hôpitaux qui devaient accompagner la mise en œuvre de la réforme hospitalière ont tardé à être mis en place.
Troisièmement, dans d’autres pays, la réforme hospitalière est initiée avec des membres des conseils d’administration sélectionnés parmi les hauts fonctionnaires des institutions financières publiques et des chefs d’entreprise du secteur privé pour accompagner l’installation de nouveaux systèmes de gestion et mobiliser les ressources nécessaires à la modernisation de l’hôpital. Au Sénégal, les hôpitaux autonomes se sont retrouvés dès le démarrage de la reforme hospitalière sous la gouvernance d’acteurs qui n’ont pas encore internalisé l’énorme responsabilité qui est la leur : les élus locaux qui peuplent les conseils d’administration de l’établissement public de santé. Jusqu’à présent, il est difficile de mobiliser les élus locaux membres des conseils d’administration des EPS qui sont beaucoup plus préoccupés par comment garder leur poste électif que de trouver des solutions aux problèmes des hôpitaux.
Ainsi, entre des professionnels de santé qui doivent animer les instruments de gestion de l’hôpital autonome dont le comité médical d’établissement et le comité technique d’établissement, qui prétendent n’avoir pas été impliqués dans l’élaboration de la réforme hospitalière, et des membres de conseil d’administration de l’hôpital autonome qui n’ont pas encore internalisé leur responsabilité, on a l’impression que la réforme hospitalière au Sénégal est portée uniquement par les directeurs d’hôpitaux. Ce n’est pas étonnant que le Sénégal soit confronté à des grèves hospitalières récurrentes où en plus des demandes de paiement des indemnités de motivations, on ne demande que le départ du directeur de l’hôpital. Les directeurs des hôpitaux, qui devaient institutionnellement être des relais entre les professionnels de santé et le conseil d’administration dans les processus décisionnels de l’hôpital autonome, se retrouvent maintenant comme les échappatoires de tous les maux et faiblesses de la gestion des hôpitaux.
Un compromis entre le centralisme étatique et les exigences des professionnels de la santé. Au Sénégal, l’hôpital autonome a été utilisé en effet comme une échappatoire. Pendant plusieurs années avant le vote de la loi sur la réforme hospitalière en 1998, les syndicats du secteur de la santé ont engagé des grèves pour l’amélioration de leurs conditions de travail, y incluse la motivation. Ces grèves ont pris pendant plusieurs années la forme de grève de rétention d’information par le personnel de santé.
L’initiation de la réforme hospitalière s’est traduite très tôt par une augmentation des ressources propres des hôpitaux. La raison de ce résultat n’était ni une augmentation du volume d’activités des hôpitaux, ni une augmentation des tarifs des hôpitaux. Cette performance financière résultait tout simplement de l’amélioration de l’efficience administrative de la mobilisation des ressources avec la centralisation du système de collecte et de tarification et la mise en place de l’agence comptable au sein de l’hôpital autonome. En d’autres termes, les fuites dans la collecte des recettes de l’hôpital ont été minimisées : au lieu d’aller dans les poches des chefs des services balkanisés de l’hôpital, comme c’était le cas dans plusieurs hôpitaux avant la mise en œuvre de la réforme hospitalière, les recettes allaient maintenant dans les comptes de l’hôpital autonome.
L’hôpital autonome du Sénégal apprendra à ses dépens que dans ce monde, les bonnes actions sont quelques fois punies. La première punition viendra des premiers perdants de la réforme hospitalière : ceux qui bénéficiaient de la mauvaise gestion de l’hôpital public avant la réforme hospitalière et qui s’enrichissaient sur le dos de l’hôpital. Les premières récriminations contre la réforme hospitalière ne sont pas venues des pouvoirs publics et des citoyens, mais bien d’une partie du personnel de l’hôpital qui a vu ses sources de revenus illicites menacées.
La deuxième punition viendra de l’illusion de la capacité financière créée par la forte augmentation des ressources propres des hôpitaux et la pression des syndicats de la santé pour la modernisation de leur outil de travail. D’importants investissements ont été réalisés dans plusieurs hôpitaux pour combler les fossés d’infrastructures et d’équipements qui ont longtemps grevé le fonctionnement et la qualité des soins des hôpitaux : tout investissement sanitaire (infrastructures ou équipements), cependant, génère des charges récurrentes importantes en termes de personnel, de maintenance et autres intrants. Le recrutement du personnel au niveau des hôpitaux a fortement augmenté avec la mise en œuvre de la réforme hospitalière, sans que la qualité technique de celui-ci, soit le critère dirimant, malheureusement.
La troisième punition viendra des pouvoirs publics eux-mêmes qui ont vu dans cette nouvelle manne financière un moyen pour faire face aux exigences des professionnels de la santé et des citoyens. Ce sont les pouvoirs publics qui ont décrété le prélèvement de 25% des recettes de l’hôpital autonome pour motiver le personnel dans l’espoir de faire taire les grèves chroniques des syndicats de la santé. Pour faire plaisir aux citoyens, une diminution des tarifs des établissements publics de santé a été décrétée par les pouvoirs publics. Par ces décisions, les pouvoirs publics n’ont réussi qu’une seule chose : mettre de l’huile dans le feu de la situation financière fragile des jeunes établissements publics de santé !
Depuis lors, il ne s’est pas passé une semaine au Sénégal sans que le personnel d’un établissement public de santé ne soit en grève. Pour cause : paiement des indemnités de motivations. En d’autres termes, les pouvoirs publics sont parvenus à décentraliser les blâmes portant sur l’amélioration des conditions de travail du personnel de santé et la gestion des grèves au niveau de l’hôpital. Malheureusement, les professionnels de santé ont été pris dans le jeu !
La combinaison d’importants investissements, d’importantes augmentations du recrutement de personnel, et le transfert par l’Etat d’une nouvelle charge, la motivation du personnel de santé, s’est traduite par des charges récurrentes importantes pour le jeune hôpital autonome dont les subventions d’exploitation n’ont pas connu le même rythme d’augmentation, en même temps que l’augmentation des ressources propres a été freinée par la diminution des tarifs. Des conseils d’administration fonctionnels et bien avertis auraient pu sonner l’alarme, mais l’importance des hommes politiques dans les conseils d’administration du jeune hôpital autonome n’était pas de nature à imposer la discipline budgétaire et à maitriser les coûts : au contraire, plus le jeune hôpital autonome qu’ils administraient était grand et visible, plus les hommes politiques pouvaient prétendre aux yeux de leurs électeurs d’avoir augmenté les capacités de l’hôpital dans la perspective de mobiliser du support politique pour les prochaines élections.
Ainsi, toutes les conditions étaient réunies pour enfoncer le jeune hôpital autonome sénégalais dans des déficits chroniques. Qu’aucun établissement public de santé n’ait échappé à l’accumulation des déficits traduit, s’il était encore besoin de le démontrer, les causes systémiques de l’endettement des hôpitaux. Il est clair que dans cette crise systémique des hôpitaux, sans prétendre dédouaner les directeurs des hôpitaux, la part de responsabilité de l’Etat est énorme !
Par conséquent, il ne suffira pas uniquement de sanctionner les directeurs d’hôpitaux, comme l’a prétendu le Président de la République dans son discours à la Nation du 31 décembre 2008, pour résoudre la crise des hôpitaux. Il faudra plus que cela !

Remettre la réforme hospitalière sur les rails
Dans la perspective de revitalisation de la réforme hospitalière au Sénégal, il est nécessaire de retourner à l’orthodoxie de l’autonomisation des hôpitaux publics. Un hôpital public autonome est avant tout un ensemble cohérent d’arrangements institutionnels pour coordonner les mécanismes de régulation étatique et les mécanismes d’autorégulation des professionnels de santé.
Dans le dispositif institutionnel de l’hôpital autonome, les mécanismes de régulation étatique sont élaborés à travers la définition de la mission de service public des hôpitaux, l’espace de décision (un ensemble de droits résiduels de décision sur des domaines bien définis) et les organes de décision, du régime financier de l’hôpital autonome y inclus (i) le cadrage des subventions d’investissement et d’exploitation, et des redevances des usagers auxquelles les hôpitaux autonomes peuvent prétendre prélever de l’économie pour remplir leur mission de service public, et (ii) les droits résiduels sur les revenus de l’hôpital auxquels peuvent prétendre les professionnels de santé qui animent l’hôpital.
Le cadre étant créé par les mécanismes de régulation étatique, les professionnels de santé usent des droits résiduels de décision qui leur sont octroyés par l’Etat pour assurer l’allocation efficiente de ressources, la qualité des soins et la maîtrise des coûts au sein de l’hôpital autonome à travers leurs mécanismes d’autorégulation. C’est là l’objet du comité médical d’établissement, qui regroupe les chefs de services de l’hôpital, qui a la responsabilité d’élaborer le projet médical de l’hôpital qui est le noyau dur du projet d’établissement de l’hôpital (le business plan de l’hôpital). Ce sont les mécanismes d’autorégulation - la collégialité et la pression des pairs - des professionnels de santé ayant la même expertise et parlant le même langage au sein du comité médical d’établissement qui assure qu’une balance entre les services techniques de l’hôpital est établie pour un service hospitalier de qualité : par exemple, pour assurer que le plateau technique de l’hôpital réponde globalement aux problèmes de santé de la population desservie, l’autorégulation au sein du comité médical d’établissement permet de veiller à ce que des services gynéco-obstétricaux par exemple ne soient pas hypertrophiés au détriment d’autres services techniques de l’hôpital qui sont nécessaires pour répondre aux problèmes de santé de la population desservie.
Pour les motiver à améliorer la qualité des soins et à maitriser les coûts, des droits résiduels sur les revenus de l’hôpital sont octroyés aux professionnels de santé : c’est lorsque l’hôpital réalise des surplus que les professionnels de santé peuvent prétendre à une motivation financière de l’hôpital. Le droit à la motivation financière au sein de l’hôpital autonome n’est pas un droit absolu, mais un droit résiduel car l’hôpital n’est pas la propriété privée des professionnels de santé. En faire un droit absolu crée des problèmes : entre l’hôpital et le personnel de l’hôpital dont les comportements déterminent la maitrise des coûts de l’hôpital ; entre l’hôpital et les citoyens qui doivent payer les services de l’hôpital quand ils sont malades.
En d’autres termes, la réforme hospitalière est une nécessité comme l’ont reconnue tous les pays du monde qui ont autonomisé leurs hôpitaux depuis fort longtemps. Pour remettre la réforme hospitalière sur les rails au Sénégal, il est nécessaire de dépolitiser les EPS et d’améliorer la gouvernance des hôpitaux. Pour ce faire, il est nécessaire d’engager une phase transitoire d’au-moins dix ans dans laquelle il faudra (i) séparer la réforme administrative et politique et la réforme hospitalière, et (ii) renforcer la responsabilisation des professionnels de santé dans la réforme hospitalière.
La séparation de la réforme administrative et politique et de la réforme hospitalière dans une phase transitoire est nécessaire pour dépolitiser l’hôpital autonome. Pour dépolitiser l’hôpital autonome, il faudrait sortir de façon transitoire la gestion des hôpitaux du domaine de compétences des collectivités locales : une telle éventualité va ressembler à un retour en arrière, mais un retour en arrière nécessaire. C’était une erreur de transférer la gestion des hôpitaux aux collectivités locales à une période où les hôpitaux faisaient face à beaucoup de besoins, alors que les collectivités locales n’avaient ni les moyens financiers ni les moyens humains pour prendre en charge une telle responsabilité. La phase transitoire va durer le temps qui sera nécessaire pour développer une fiscalité locale et une administration locale permettant aux collectivités locales d’avoir l’autorité de faire face à des acteurs aussi puissants que les professionnels de la santé dans un secteur où la légitimité cognitive est aussi importante que la légitimité sociopolitique.
En d’autres termes, l’Etat devrait reprendre la responsabilité de la gestion des hôpitaux et veiller de plus près à leur transformation en organisations publiques exposées au marché, mais dans lesquelles la responsabilité financière de l’Etat pour assurer le service public est bien définie. Dans cette perspective, les conseils d’administration des hôpitaux seraient composés par : des anciens professionnels de la santé qui se sont illustrés par leur réputation, leur expertise médicale et leur intégrité ; des hauts fonctionnaires des institutions financières de l’Etat ayant une connaissance et une expérience avérées des finances publiques et qui se sont illustrés pour leur intégrité ; et des capitaines d’industrie du secteur privé qui se sont illustrés par leur leadership et leur expérience du management de grandes organisations publiques exposées au marché ou de grandes entreprises du secteur privé.
Les catégories suggérées de membres des conseils d’administration apporteraient aux jeunes hôpitaux autonomes des connaissances, une expertise et des expériences complémentaires pour parachever leur modernisation durant une phase transitoire. Il est nécessaire de continuer l’amélioration du plateau technique des hôpitaux selon non seulement une politique hospitalière définie par les autorités compétentes, mais aussi sur la base de mécanismes de financement et de programmation des investissements et des recrutements qui garantissent la pérennité financière pour l’amélioration de la qualité du service hospitalier. La phase de transition serait mise à profit pour parachever le dispositif juridique et pour mettre en place et roder les systèmes de gestion de l’hôpital autonome. La composition suggérée des membres des conseils d’administration permettrait aux jeunes hôpitaux autonomes de disposer d’administrateurs qui vont leur être utile non seulement dans la direction de leur projet d’établissement respectif, mais aussi dans leur interface avec les pouvoirs publics, l’opinion publique et les partenaires extérieurs.
Le renforcement de la responsabilisation des professionnels de santé dans la réforme hospitalière dans une phase transitoire est nécessaire pour s’assurer que la réforme est portée par les professionnels de santé. Du point de vue du processus, les professionnels de la santé devraient être désormais au cœur de toute initiative pour changer le cours des choses dans le statut de la réforme hospitalière. Chaque initiative de politique devrait être accompagnée par une analyse des parties prenantes pour s’assurer que les perspectives des professionnels de la santé sont pleinement intégrées dans les directions et le processus d’action politique à entreprendre.
Du point de vue du contenu, il faudrait rééquilibrer les pouvoirs entre les organes de l’hôpital autonome en octroyant plus de pouvoirs de décision au comité médical d’établissement et aux services techniques en matière d’investissements, de recrutement du personnel, et de politique de motivation du personnel. La politique de motivation serait définie de telle sorte que ce sont les professionnels de santé des services techniques qui fournissent des efforts pour améliorer la qualité des services et les revenus de l’hôpital et pour maitriser les coûts qui sont récompensés pour les efforts fournis.
Ce n’est qu’après que les hôpitaux autonomes aient été modernisés et leurs systèmes de gestion bien établis dans une phase transitoire, qu’il faudrait envisager la substitution graduelle des professionnels de la gestion, membres des conseils d’administration, par des représentants des populations et des consommateurs.

lundi 13 juin 2011

APPEL AUX PATRIOTES

CHERS COMPATRIOTES
Le 17 Avril 2008, je créais le blog du Front Patriotique pour faire face aux écarts constatés dans la gestion du pays et de la chose publique. Je demandais à tous les patriotes soucieux de la paix et de la démocratie dans notre pays de nous mobiliser pour :
• analyser la situation au travers d’un bilan sans complaisance de l’action du gouvernement et des plus hautes autorités du pays.
• proposer des solutions pour l’avenir, afin de garantir au pays le respect de la démocratie et de la république.
• enfin agir ensemble de façon coordonnée et concertée pour la survenue et la défense de l’idéal démocratique et républicain ainsi circonscrit.
Depuis cette date j’ai publié dans le blog 13 articles sur différents sujets préoccupants pour le peuple sénégalais, et qui traduisent tous, la mal gouvernance du pays, mais aussi et surtout le pillage systématique des richesses nationales par le régime libéral qui ne cherche qu’à s’enrichir, indûment et impunément, par-dessus la misère du peuple
Aujourd’hui le temps est venu de faire le point et d’envisager l’avenir en toute lucidité, patriotiquement.

I/ Bilan d’une décennie de « République Bananière. »
Le régime de mon ami Abdoulaye Wade s’est fait remarquer depuis 2002 par des faits et des actes que seules les trois tares congénitales du parti libéral peuvent justifier : l’ignorance, la pauvreté et la cupidité.
Tout le monde sait que le PDS, en dehors de quelques rares cadres emblématiques, assez tôt écartés d’ailleurs, a été surtout le réceptacle.des basses couches de la population, envieuses, frustrées, souvent incultes et violentes ,des jeunesses contestataires oisives et révoltées .Ces » militants » d’un genre particulier, embrigadés et mobilisés par le discours démagogue du Pape du Sopi, ont entretenu pendant des années la violence dans les rues de Dakar et les troubles dans les établissements scolaires du Sénégal, cassant avec frénésie à chaque occasion, les feux de signalisation et les bus de transport public urbain.
Ainsi au fil des ans cet effectif de sympathisants s’est considérablement accru des populations déplacées par l’exode rural, et son courroux contre le régime socialiste, est exacerbé par l’approfondissement de la pauvreté dans les zones rurales et la banlieue de Dakar.
Tout ceci pour dire que le PDS a toujours été composé d’une poignée d’hommes formant autour de Abdoulaye Wade, dont le nom figurait seul sur tous les biens du Parti, un cercle fermé, uni dans le secret d’actions quotidiennes de déstabilisation du régime socialiste, de rouerie et de fourberie pour la conquête du pouvoir, par tous les moyens.
C’est ainsi que, comme dans un film de grand spectacle, tous ces acteurs et cette masse de figurants vont faire basculer l’histoire et mener à un deuxième tour, aux élections présidentielles, en l’an 2000. La Coalition entre le PDS et l’opposition significative reçut l’onction du peuple et conduisit à cette historique alternance démocratique dont le Sénégal est devenu si fier.
En fait, il s’agit là du résultat d’un ras -le –bol général de tout un peuple excédé par l’arrogance d’un régime sclérosé par un règne sans partage de quarante ans. Un grand moment d’espoir pour tous ces cadres apolitiques qui voyaient en Abdoulaye Wade et en ses amis, les sauveurs d’un Sénégal en dérive, pour tous les patriotes.
Malheureusement, en une année les intrigues d'Idrissa Seck rompirent l'alliance sacrée des vainqueurs de Mars 2000 et, au bout de deux ans, le " style Wade" mit à jour les carences du régime libéral, inhibé par les insuffisances intellectuelles et techniques de ses propres ressources humaines. En réalité, le vrai problème se nomme Abdoulaye Wade : comme dans son propre parti, c’est le Maître qui décide de tout, au jour le jour, suivant ses humeurs et ses intérêts du moment, en l’absence de toute programmation, de tout plan et de tout agenda. Après avoir écarté tous ses partenaires qui l’avaient installé au pouvoir, Wade récupéra ses anciens adversaires qui étaient prêts à retourner leurs casaques et calmement déroula en actes ses ambitions et ses rêves de « despote africain éclairé », s’appuyant sur des institutions toutes acquises à sa cause, installées à travers un formalisme démocratique de bonne république bananière. Wade ne consulte personne, n’accepte aucun débat, décide de tout partout, ne demandant à ses ministres et à ses collaborateurs qu’à exécuter « sans discussion ni murmure », la seule vision valable, celle éclairée du chef incontesté de ce pays nouvellement soumis. Voilà les soubassements du régime de mon ami Abdoulaye Wade qui depuis 2002 étend ses frasques à travers tous les domaines de la vie publique, économique et politique du Sénégal.

A/ Le syndrome de l’ignorance.
La première bourde officielle de l’équipe Wadienne affranchie a été la nomination au poste de Ministre de l’Education Nationale d’une monitrice d’école privée de province : c’était à la fois dramatique et hilarant et la pauvre dame gênée s’obligea à la démission. C’est le début d’une longue série d’actes fantaisistes du Grand Timonier qui choisissait toujours ses collaborateurs pour des raisons d’opportunité politicienne, car lui-même a déclaré qu’il n’attend pas de ses ministres d’être compétents mais seulement d’être capables d’exécuter ses directives ; c’est peut-être là la justification de la longévité de certains ministres placés dans des postes où on ne leur demande pas de penser ou de réfléchir ; cela aussi peut expliquer la pléthore de ministres d’Etat et de ministres conseillers dont le Maître n’attend rien.
En définitive, ce qui importe pour le Maître, c’est d’offrir des postes de sinécure à des gens qu’il pense pouvoir lui donner un dividende politique par le recrutement d’une clientèle devant permettre au régime de perdurer.
Qui inspire alors et conseille le Pape du Sopi pour prendre certaines décisions stratégiques ? Sûrement pas des Sénégalais car le Maître est plus doué que tous les Sénégalais qu’il méprise d'ailleurs intellectuellement et qu’il considère moralement comme des êtres malhonnêtes et paresseux. Il est donc évident que les conseillers et les inspirateurs du Maître soient des étrangers, notamment des Français, seuls dignes de sa confiance. Le projet de loi constitutionnel qui vient d'être rejeté par le peuple en est la plus triste illustration.
La deuxième manœuvre la plus caractéristique du régime libéral est la défiance par rapport à la Haute Administration, formée dans le moule des meilleures écoles de la France et des Amériques, parce que les libéraux ne connaissent pas l’administration et que la majorité d’entre eux chômaient ou végétaient dans des professions libérales peu lucratives et sans prestige. Très peu parmi eux avaient des responsabilités dans l’administration dont ils ignoraient les rouages et le mode de fonctionnement, et puisque les Wade n’ont aucune confiance aux Sénégalais, il fallait trouver un palliatif.
C’est ainsi que dans tous les ministères où il y a des ressources importantes, mon ami créa une agence, financièrement autonome, retranchée du contrôle normal de l’administration publique, qu’il confie à un homme dévoué au régime et dont un des rôles sera de financer certaines opérations du parti. Les objectifs de développement du Sénégal devenaient très secondaires derrière les intérêts du PDS et de ses dirigeants.
La carence du régime se manifeste tous les jours, dans l’insuffisance des documents juridiques qui émanent du gouvernement tant dans leur forme que dans leur contenu, ou dans l’incohérence de certaines décisions qui varient au gré des humeurs du seul Maître, souvent avec des conséquences désastreuses ou le manque de considération accordée aux contrats qu'il signe et aux obligations qui y sont liées.

B/ Le syndrome de pauvreté.
Individuellement, être pauvre n’est pas une tare mais une insuffisance qui peut être dramatique. Collectivement, pour un groupe qui vient d’accéder au pouvoir, c’est une véritable catastrophe pour le pays. Aussi ce régime va s’installer dans la recherche effrénée de l’enrichissement facile et rapide, sous l’impulsion du Maître dont la générosité et la prodigalité sont devenues légendaires.
D’une année à l’autre, les hommes défilent dans des stations qui permettent de se mettre à l’abri du besoin, grâce à des techniques de détournements dont la seule efficacité réside dans l’impunité, puisqu’ils sont toujours découverts. C’est la loi de l’impunité. Ce qu’on demande aux responsables à qui l’on a offert des strapontins c’est uniquement d’avoir le courage de se servir, sans trembler mais en n’oubliant pas de financer le parti et les mobilisations de masses des militants, la Lonase et la Poste en sont devenues de parfaites illustrations.
En fait, la trouvaille est l’identification de NICHES de génération d’argent facile et de POCHES de terrains rapidement ou immédiatement disponibles.
Pour les Poches de terrain, l’opération se passe souvent au plus haut niveau, avec la collaboration du service du Cadastre et les terres identifiées sont partagées entre barons du régime. Il n’y a pas de jour où la presse n ‘étale sur la place publique les preuves de cette boulimie foncière du régime libéral : expropriation, attribution de centaines d’hectares de domaines autrefois affectés à l’ISRA et à d’autres structures de recherche agricole, sous couvert de GOANA, désaffectation délictuelle des terrains de l’Aéroport de Dakar-Yoff, ou du CICES, immatriculation et affectation du domaine national à des étrangers ou à des intérêts individuels privés.
Toutes les combines administratives sont utilisées par les autorités pour faire une razzia sur les terres de Bambilor, de Mbane, de Keur Momar Sarr, de Tivaouane Peulh, de Ndombo et de Sindou.
La plus remarquable des poches, localisée récemment par Me abdoulaye Wade, est constituée par l’ancien domaine du Général Bertin, à Bambilor, qui porte sur presque vingt cinq kilomètres carrés( 2514 ha)
Un litige foncier vieux de plus de soixante ans oppose les autochtones de Bambilor aux héritiers du Général Bertin, les uns reprochant aux autres d’avoir spolié leurs ancêtres, en étendant abusivement un domaine qui a été attribué au Général Bertin pour un projet agricole. L’affaire fut porté devant les tribunaux et d’instance en instance, les occupants indigènes campèrent sur leur position, espérant qu’un jour on leur donnerait raison, en leur rendant justice.
Mais voilà que l’Homme Prodigue qui gère aujourd’hui, après Dieu, nos destinées, se sentit l’obligation morale de mettre fin au contentieux judiciaire, en achetant aux héritiers de BERTIN, la totalité des terres en litige, au prix d’environ sept milliards de francs CFA, au nom et pour le compte de l’Etat du Sénégal. C’est aussi une manière de rendre service à des compatriotes français !!!.
Iba Der Thiam et moi, dans notre candeur naturelle, nous empressâmes d’applaudir, en louant la générosité seigneuriale de notre ami, qui tenait ainsi à offrir aux populations de Bambilor pour leurs habitations et leurs cultures, les terres de leurs ancêtres dont ils réclamaient la propriété. Au moins dans ce cas de figure il n’ y aurait dans ce contentieux que des gagnants.
Encore une fois, si on était dans un pays de Droit, cette transaction aurait été menée par l’Agent Judiciaire de l’Etat et les terres acquises seraient du Domaine Public ; et s’il ya un titre foncier, ce qui d’ailleurs n’est pas prouvé, ce serait une propriété de l’ Etat, qu’il peut affecter à tout usage jugé d’intérêt national. S’il n’a pas de titre foncier, l’Etat l’immatricule alors à son nom et l’utilise selon sa convenance. Et dans tous les cas, la solution ultime aurait dû être l’extinction du contentieux, par une distribution judicieuse de ces terres à ceux qui les exploitent depuis toujours et en réclamaient les droits.
Hélas, avec le Maître, il faut s’attendre à tout : la presse vient de nous apprendre, sans que cela soit démenti, que ABLAYE a cédé trois cent cinquante hectares des terres acquises à un de ses amis, entrepreneur et homme d’affaires, un certain Mr Guèye, à raison de mille francs le mètre carré. Miraculeusement, au même moment, la coopérative militaire, COMICO, et la Caisse de sécurité sociale, cherchaient des terrains pour y construire des habitations pour leurs personnels, dans une zone d’avenir comme Kounoune ou Bambilor. La cession est rapidement conclue entre les parties, à raison de sept mille francs le mètre carré. C’est aussi simple que çà.
Sur cette seule opération, ABLAYE engrange Trois milliards cinq cent millions de francs sur un terrain qui ne lui appartient pas, en attendant de recevoir ce que l’ami lui réserve comme surprise, lui qui encaisserait en cédant tout son terrain, un bénéfice net de vingt et un milliards de francs. Ainsi, sans rien faire, par un simple jeu de passe-passe, ABLAYE et son ami sont devenus multimilliardaires.
Qui a vendu ? Qui détient les titres ? Qui a encaissé ? De quels droits ?
Si tout çà est vrai, c’est que notre pays marche sur la tête et cela installe en moi une grande tristesse et une immense lassitude.Aujourd'hui encore on parle des terres de Bel Air, abandonnées par l'armée française. Ca ne s'arrêtera donc jamais ?
Il ne faut donc pas s'étonner que Ablaye puisse acheter cash une maison à un peu plus d'un milliard et qu'un autre gros calibre ait pu négocié à un peu plus de six milliards une résidence à St-Tropez.

Pour les Niches, le système semble être cautionné par le Ministère des Finances qui a fermé le robinet aux gestionnaires des services publics en supprimant les caisses d’avances mais a ouvert les vannes aux Directeurs généraux et aux Ministres en leur permettant de cumuler les fonctions d’administrateurs et de comptables dans les départements et les agences où la fonction d’ordonnateur leur est déléguée. Jusqu’en Avril 2011, du moins.

Mais la grande trouvaille en haut, comme en bas, c’est l’utilisation « d’opérateurs », « d’intermédiaires » ou « de courtiers » pour exécuter le budget national, surtout au niveau des dépenses de transfert. Comment peut-on comprendre qu’un ministre puisse virer des fonds à des opérateurs privés, des commerçants, sans pièces justificatives ou contrepartie, et qu’il s’en tire sans sanction ? Surtout lorsque ces opérations portent sur des milliards ?? Comment peut on expliquer que dans certains ministères techniques des ateliers de formation ou de planifications soient confiés à des G.I.E de ditribution commerciale ??
Il est donc normal de voir tout ce monde devenir milliardaire en si peu de temps, ceux qui n’ont pas de budget pour se sucrer, trouvant auprès du généreux Parrain dont la caisse est énormément fournie et régulièrement garnie, les compensations nécessaires pour se mettre à jour.
Mais c’est lorsque le procédé du courtage et de l’intermédiation est utilisé dans les hautes sphères que cela devient inquiétant et dans ce cas, il s’agit d’un blanchiment d’argent bien particulier :
Imaginons le scénario suivant :
• Dans un premier temps, l’Etat prévoit dans son budget des ressources importantes dans des crédits de transfert comme les subventions ou les fonds d’appui à un secteur ou à une filière, par exemple l’achat de matériels d’allègement des efforts des femmes dans les activités domestiques, ou de matériels agricoles, ou de soutien à la fourniture d‘intrants agricoles comme les semences et l’engrais.
• Dans un deuxième temps, l’Etat, dans ses relations avec certains de ses partenaires, notamment ceux des pays émergeants comme la Chine, l’Inde ou l’’Iran, va directement négocier avec ces pays, une aide en nature axée principalement sur les produits et matériels ciblés comme des éléments essentiels de sa Politique Nationale.
• L’Etat sollicité accède à la demande du Sénégal en faisant ses commandes auprès de ses industries productrices et en assure le financement et le règlement, départ port d’origine.
• Les commanditaires de l’opération recrutent un courtier qui sera chargé d’assurer les opérations de transport et de transit .Un bon de commande portant sur les matières concernées lui est délivré par le ministère chargé de la question
• L’Opérateur prend des contacts avec sa banque sur la base du bon de commande et obtient une ligne de crédit.
• L’Opérateur, accrédité pour la transaction auprès du Pays ami, récupère le matériel et en assure le transport et le dédouanement. Le voilà propriétaire de matières dont il n’a assuré que le transport et le dédouanement.
• Dans une étape ultime, l’Opérateur livre le matériel au Commanditaire. Il fait sa facture sur la valeur de la totalité du lot, et reçoit le règlement du ministère en charge du dossier.
Vous comprenez aisément que notre courtier national ne va prélever sur la manne qu'il détient, qu'une commission, qui peut d'ailleurs être substantielle, le reliquat revenant au commanditaire.
Voilà le genre d’opérations qui aurait été utilisé avec la GOANA et annuellement dans la fourniture des équipements sociaux du ministère de la famille pour les moulins à mil ou les équipements multiservices. Les bus et les taxis de la filière "Transport urbain",ont été acquis dans des conditions similaires.
Ce sont des milliards qui sont ainsi blanchis et redistribués aux responsables du régime au niveau le plus élevé, alors qu’ une bonne partie du matériel rouille sous le soleil et la pluie dans l’enceinte des commandements territoriaux ou les cours des maisons de campagne des barons du régime
Parfois, de façon plus simple, on paye des acquisitions fictives, en partageant avec l’opérateur corrompu, sous la complicité lâchement passive de gestionnaires complaisants.
Les autres niches sont constituées par les marchés publics et les demandes de renseignements et de prix, complaisamment octroyés à des amis ou des comparses utilisant des sociétés créées pour la circonstance, ou parfois même fictives Ces derniers procédés ont toujours existé, mais c’est avec les libéraux que cela est instauré comme un système de gestion.
Nous avons vu défiler depuis l’alternance tant de plans foireux imaginés sous le couvert d’une générosité qui n’est que de façade, pour lesquels des milliards sont débloqués, mais qui, à l’arrivée ne donnent aucun résultat et dont le plus douloureux et le plus coûteux est le plan JAXAAY, ou des projets de circonstance comme les achats de bus ou de taxis qui oscillent entre initiatiatives publiques et intérêts privés.

C/ Le syndrome de la cupidité
La cupidité est l’incapacité de satiété et elle est la marque des gueux. C’est l’avidité qui tue la poule aux œufs d’or.
Les WADE en venant au pouvoir avaient identifié de façon très précise les secteurs sénégalais les plus florissants, dans lesquels l’Etat détenait un leadership évident: et au sujet desquels la famille pensait qu’ils étaient les soutiens financiers intangibles du régime socialiste. Aussi le premier geste de la famille a été de se jeter sur ces fleurons pour la curée des vainqueurs, ces "butins", pour parler comme Mara :

• La première victime a été la Société » Les Industries Chimiques du Sénégal » (ICS)
Les deux premiers Directeurs des ICS de l’Alternance nouvelle qui étaient de grands dirigeants ont subi d’énormes pressions de la part des nouvelles autorités qui attendaient d’eux un appui institutionnel financier important, et, lorsqu’ils ont atteint leur limite de flexibilité, ils furent écartés et dénigrés.
Puis la famille pénétra par effraction dans la demeure et mit la main sur les rouages de la gestion pour imposer les fournisseurs de matières premières et les partenaires stratégiques ; le résultat fut calamiteux et le contrat de transport signé avec Goddart qu’elle inspira et imposa aux ICS, fut la goutte d’eau qui aboutit au blocage des comptes de la Société et conduisit à une situation de quasi cessation de paiement. Une intervention de l’Etat, à hauteur de cinquante milliards aurait suffi à gérer la situation déplorable de la société que seule la conjoncture du marché des phosphates avait exacerbée.
C’est alors que la famille réalisa sa grosse affaire en livrant cette société naguère si prospère et toujours potentiellement rentable aux mains du capital étranger.
La honte dans cette cession des ICS par un apport des Indiens de Quarante milliards est que lorsque l’alternance survenait, les ICS étaient en train de réaliser un Projet prometteur dans lequel, grâce notamment aux partenaires comme la SFI, Cent quatre vingt milliards de francs cfa furent investis pour assurer le doublement de la production des ICS, tant en phosphates qu’en acide. Or pendant cette période les rapports entre les ICS et ses partenaires indiens étaient quasi monopolistiques sur la vente de la production ACIDE, entièrement absorbée par la demande indienne.
Mais la curée ne s’est pas arrêtée là car l’usine de production d’engrais complexe granulé de Mbao, la seule de la sous-région a été écartée de la transaction, permettant, d’une part, aux indiens de bénéficier, comme ils l’ont toujours souhaité de la totalité de la production ACIDE, mais aussi et surtout, d’autre part, l’importation de l’engrais localement consommé, par des opérateurs qui ne sont en fait que des courtiers du régime. Comme cela a été exposé plus haut, la subvention de l’engrais qui aurait dû servir à produire du NPK aux ICS ou du DAP, avec des spécifications techniques précises, va être recyclée par ces Opérateurs privilégiés qui vont acheter ces produits à des prix exorbitants sur un marché qu’ils ne maîtrisent pas, sans aucune capacité d’en contrôler la qualité.
Ceux qui ont produit ces effets sont des criminels guidés par leurs seules ambitions et ont par là montré qu’ ils n’aiment pas le Sénégal et ne méritaient pas de nous diriger.
Un mois après la recapitalisation des ICS par les Indiens.la conjoncture du marché de l’ACIDE avait évolué de façon très avantageuse au grand bonheur des nouveaux actionnaires majoritaires, preuve flagrante de l’incompétence et de l’imprévoyance de nos gouvernants. Il faut ajouter au festin des ICS, la consommation en "dessert" des « Phosphates de Matam ».
En effet depuis au moins soixante dix ans il avait été identifié dans la Région de Matam un gisement de phosphates, presque à ciel ouvert, dont l’exploitation ne demandait pas beaucoup d’investissement, mis en réserve pour des raisons d’économie. Malheureusement, le cupide régime libéral a vite fait de créer une société de gestion des phosphates de Matam et a aussitôt entrepris son exploitation, dans une totale opacité, sans publicité ni appel d’offres.
Il faut signaler que la Lonase avait été la première à être mise sous bonne garde, avec l'espoir de s'en servir comme une caisse noire. Heureusement, le militaire à qui elle fut confiée pendant les seize premiers mois de l'Alternance ne songea qu'à l'assainir pour la rendre encore plus désirable et accélérer ainsi sa propre éviction.

• La seconde victime de la famille est le secteur des hydrocarbures, et par voie de conséquence, celui de l’Energie :
Il faut se souvenir que le régime socialiste avait privatisé la SENELEC, en signant une convention avec un partenaire dit stratégique, Hydro-Québec.
La première réaction de Wade a été de négocier l’annulation de la convention en remboursant les soixante milliards de la transaction, alors qu’il aurait suffi de poursuivre Hydro pour non respect de ses engagements, surtout en matière d’investissements de base contractuels, mais aussi de mauvaise gestion, puisque dans cette courte période, les frais de personnels expatriés, de consultance des experts de la maison-mère et de voyage de complaisance, ont constitué un vrai pillage. Mais les libéraux étaient encore des novices dans ces domaines complexes des relations commerciales internationales. A l’analyse, il semble toutefois exister dès cet instant, dans l’esprit du Maître, un plan de pénétration du secteur pour le contrôle de tous les rouages et de tous les circuits d’approvisionnement et de commercialisation des hydrocarbures. Les relations très amicales et personnelles entretenues avec les autorités Nigérianes, Libyennes et Arabes de cette époque procédaient de cette ambition
C’est donc tout naturellement que la SAR apparut comme la cible prioritaire puisque c’est elle qui importait le pétrole pour le raffiner et réexportait les sous-produits, et c’est elle qui approvisionnait la SENELEC en fuel pour ses centrales. La libéralisation de la commercialisation des produits pétroliers, les tracasseries pour décourager les distributeurs traditionnels, stockeurs et partenaires stratégiques de la SAR, l’introduction d’une instabilité dans les prix de distribution par la levée de la péréquation, etc, furent les armes de perturbation utilisées.
Parallèlement, de nouveaux dirigeants mis en orbite au sein de la SENELEC cherchent à gagner de l’argent en s’affranchissant de la SAR.
Sans pouvoir expliquer dans le détail comment tout cela à pu conduire à la disparition des réserves de la SAR , on peut affirmer que ces difficultés ont abouti à une situation de presque cessation de ses activités. Dès lors il était possible de prendre le pouvoir au sein de la SENELEC, en transférant les instances de décisions à la Tutelle qui se substituait à la Direction Générale pour toutes les commandes et tous les achats, sans parler des sociétés-écrans créées par la Famille pour la maîtrise des circuits d’approvisionnements.
C’est ainsi que "la société des ténèbres" naquit, la SENELEC ne pouvant plus investir, ni assurer la maintenance de ses équipements, ni même payer le carburant de ses centrales, encourageant la naissance d’unités de productions privées dont le commun des mortels ignorent les véritables initiateurs, ou plus simplement l’origine et la composition des capitaux..
BLACKOUT, plus de SAR, plus de SENELEC.
Comme avec les ICS, c’est maintenant la curée, il faut vite dépecer.
Pour terminer l’œuvre de destruction on fait appel au bourreau patenté du régime, le Fils de son père, l’artisan délégué de la débâcle ayant été relevé et placé à l’échelon du Père.
D’abord on prépare la résurrection de la SAR, en la bradant à Bin Laden, un des instruments d’enrichissement de la Famille, déjà utilisé dans un autre projet cher à mon Ami, rencontré lors du premier voyage de la Famille aux Emirats et en Arabie Saudite en Avril 2006. La nouvelle SAR, totalement sous le contrôle des étrangers pourtant minoritaires temporairement, retrouve sa fonction originelle de stockeur, de régulateur et de fournisseur exclusif de la SENELEC, fournisseur de la sous-région en produits pétroliers finis et semi-finis. Cet acte criminel et anti patriotique perpétré comme de coutume par la Famille, montre à quel point les Wade sont peu sénégalais et peu sensibles aux malheurs qui peuvent frapper le peuple..
Mais tout cela n’est qu’un début car la crise de la SAR a conduit au dysfonctionnement de la SENELEC, ouvrant ainsi une nouvelle niche d’argent pour les INSATIABLES, un nouveau filon. La SENELEC qui est devenue un gouffre financier, ne peut plus remplir sa fonction de fournir le courant électrique à ses abonnés , en quantité suffisante et au moment souhaité.
On connaît la suite, avec les audits chers et inutiles de la SENELEC commandités par le Fils, dont le rôle principal était d’introduire et de justifier le stupide Plan Takkal, et de tenter timidement de positionner EDF comme un futur partenaire stratégique.
Comme du temps de l’ANOCI, les responsabilités sont délocalisées, diluées.
Un budget estimé à six cent cinquante milliards dont trois cent soixante cinq pour la seule année 2011 est prévu, sur lesquels deux cent vingt sont disponibles, selon les initiateurs du Plan. Mais la SENELEC ne verra pas cet argent puisqu’il sera géré directement par le Maitre de tous les secteurs du gouvernement. En effet, il a été mis en place un Conseil National de l’Energie, présidée par le Chef de l’Etat, ainsi qu’un fonds spécial de l’Energie, géré sous sa supervision et estimé à quatre cent cinquante milliards. Enfin l’APIX sera mise à contribution pour l’exécution des investissements liés à la Production de l’électricité.
Les ressources nécessaires pour le plan proviendraient de la ponction des budgets des secteurs non prioritaires, d’une taxe sur la téléphonie, par le rappel du très contesté GLOBAL VOICE, de l’appui de la Banque Mondiale et de divers partenaires. Pour 2011 le Ministre des Finances avait promis qu’il n’aurait pas recours à l’emprunt, le 1er Avril 2011, mais c’était certainement un poisson d’Avril car il a procédé à un emprunt obligataire quelques jours plus tard et les fonds recueillis sont destinés aux infrastructures et à l’Energie. Qui va contrôler le Président de la République dans cette nouvelle fonction de PDG. ?
Dans tous les cas, la phase acquisition de matériels de production d'électricité a commencé par un échec retentissant du fils Wade qui a acheté un matériel inadapté dont la consommation en carburant est très largement au-dessus des moyens financiers de la Sénélec. Sur ce sujet, les gens sont outrés par rapport au coût exorbitant de location, estimé à cinquante milliards de francs CFA, mais plus encore par rapport au fait que c'est la Sénélec qui devra supporter les frais de carburant estimés à cent trente millions par mois. C'est encore un signe de plus de la malhonnéteté et de l'incompétence de ce régime honni par tous. Il est clair maintenant que la Sénélec sera bientôt en situation de cessation de paiement puisque l'Etat refuse de lui payer la subvention compensatrice du prix du courant imposé , et les machines du Fils vont lui maintenir la tête sous l'eau. Les Wade vont alors la céder au franc symbolique à un de leurs amis et frères français, pourquoi pas EDF ou Bouygues, bien sûr en prenant au préalable l'engagement de solder les dettes de la société.
Voilà donc le dispositif d’accaparement mis en place, dans un environnement hors contrôle, où le Père et le Fils pourront impunément continuer leur œuvre d’enrichissement et de destruction du patrimoine national, impunément. Et le comble est qu’ils nous mentent tous, tous les jours et sur tous les plans.

• Parmi les structures qui avaient attisé la convoitise de la Famille, il y avait aussi la SONATEL, cette grande réussite de la privatisation de certaines sociétés nationales dans les années quatre vingt dix.
Le succès économique de la SONATEL n’est pas dû à la notoriété de son partenariat stratégique avec France-Télécom mais bien plus à la qualité de ses ressources humaines et aux efforts fournis par l’Etat du Sénégal pour investir à temps dans les TIC et les fibres optiques, faisant ainsi du réseau sénégalais des télécommunications, l’un des plus performants d’Afrique.
En un peu plus d’une décennie l’action SONATEL a vu sa valeur grimper de façon exponentielle et ses détenteurs bénéficier de confortables dividendes tous les ans.
C’est donc avec beaucoup de surprise que les sénégalais ont assisté à des tractations sur l’action SONATEL, conduite dans l’ombre par des personnages encagoulés dans les hautes sphères de l’Etat :
- la première attaque est passée par l’IPRES, une autre vache à lait qui fait saliver. En effet, profitant d’une léthargie passagère du Conseil d’administration, le PCA du moment, manipulé ou inspiré par on ne sait quel démon, sinon complice, décida de vendre la moitié ou plus des actions SONATEL détenues par l’IPRES, sans autorisation .L’acheteur serait une société écran, derrière laquelle se cacherait un sénégalais dont on ne sait de quel teint. Mais on peut toujours deviner.
- la deuxième attaque plus conséquente a eu lieu à la SONATEL même.
En effet, l’Etat du Sénégal avait conservé dans le capital de la société une minorité bloquante de 28%. Comme avec l’IPRES, l’attaque est sournoise, juste un entrefilet pour annoncer la recherche d’un cabinet pour vendre les actions SONATEL de l’Etat. Mais pourquoi cette vente pour quelques centaines de milliards d’un portefeuille qui rapporte environ presque trente milliards par an, en dividendes ? Est-ce un besoin de liquidités, A qui l’offre était destinée, sachant que France-Télécom ne laisserait jamais passer pareille aubaine ?
C’était vraiment scandaleux, comme si le régime avait la ferme volonté de détruire tout ce qui pouvait être la fierté du Sénégal et qui n’était pas de son œuvre.
Heureusement les cris de détresse des syndicats et des cadres de la SONATEL auxquels se joignit la réprobation de la société civile et de l’opposition politique firent échouer la tentative.
Sont-ce là des comportements ou des actes ou des attitudes qu’un bon patriote sénégalais peut avoir, effectuer ou prendre ?
Une honte qui ne peut être confinée au niveau d' une nullité avérée d’un régime décadent.

• C’est l’argent qui fait tourner la tête du Père de Famille prodigue, or l’IPRES possède des réserves financières faramineuses, dont l’estimation varie suivant l’interlocuteur. Quatre-vingt, quatre-vingt dix, cent quarante ou trois cent milliards de franc, selon le déclarant.
On l’a vu, l’IPRES est une structure privée placée sous la garde de l’Etat mais dont l’organisation interne présente des failles par lesquelles des autorités malveillantes peuvent se glisser pour la spolier.
Ici encore les autorités vont utiliser le conseil d’administration pour exécuter leur forfait, peut-être le même PCA.
Cette affaire est la plus parfaite arnaque qu’on puisse trouver dans le genre.
D’abord on observe une phase préparatoire, car il s’agit d’un projet stalinien d’un ancien franc-maçon qui croit en la symbolique du monument, et qui veut laisser son nom à la postérité.
La conception du projet est faite en famille, avec l’architecte du régime dont la pudeur et l’humilité rendent encore plus grand l’initiateur de ce prestigieux programme d’embellissement de la ville de Dakar. Hélas, il n’y a point d’argent, et heureusement il y a des idées, des Chinois et des Coréens prêts à coopérer. Mais surtout il y a des activistes affairistes formés à l’école du PS qui ont migré vers les cieux bleus du libéralisme et qui sont prêts à toutes les combines.
C’est donc dans ce cadre précis que plusieurs opérations de spoliation foncière sont menées simultanément par le pouvoir, avec la complicité de la Commune de Dakar et des services du cadastre.
C’est d’abord les Chinois qui promettent d’offrir au peuple sénégalais un Grand Théâtre National, digne de son Histoire d’un côté et de l’autre, en coulisse, avec l’un des activistes affairistes déjà identifiés, on finalise la cession aux mêmes chinois de l’immense terrain du stade ASSANE Diouf.que l’Etat avait récupéré sur la commune de Dakar pour un projet d’utilité publique. Dans cette lancée d’accaparement, il fut subrepticement introduit un décret de déclassement d’une large bande des terres de l’aéroport de Dakar-Yoff pour les vendre au prix dérisoire de quatre mille francs le mètre carré à l’autre opérateur que le régime avait sélectionné en qualité de courtier.
Tout est maintenant en place pour la grande Arnaque ;
L’Etat sous la garde duquel l’IPRES est placée va inspirer ses dirigeants complices à acheter douze des trente hectares concédés à Monsieur Mbackiyou Faye pour la bagatelle de vingt sept milliards de francs CFA., puisés certainement dans les réserves de l’Institution ou sur le produit de la vente des actions SONATEL.
Le crime dans cette opération des autorités est de mettre en péril la sécurité des ressources destinées à financer les pensions de retraite de toutes ces populations au crépuscule de leur vie, souvent démunies et à la santé fragile, usées par des années de pénible labeur. Vendre des actions qui se sont bonifiées au cours des ans et qui rapportent annuellement des dividendes équivalents à leur valeur nominale d’acquisition, pour acheter des terrains dont la valeur n’est que le résultat d’une spéculation incontrôlée et inflationniste, est une attitude bien imprudente de la part d’une caisse de sécurité vieillesse comme l’IPRES.
Mais le rocambolesque c’est l’histoire du montage financier inique et totalement illégal qui est à l’origine de cette manœuvre contre les intérêts de l’IPRES.
A l’image de beaucoup de dirigeants prestigieux d’obédience maçonnique, mon ami ,qui ne se voit pas petit, a décidé, de laisser, à la postérité, au nom de l’Afrique, un monument de la Renaissance Africaine. Monument tricéphale de style coréen, planté sur le sommet d’une des « Mamelles » des collines volcaniques de OUAKAM. L’Architecte Conseil a conçu une maquette, l’emplacement est localisé au-dessus du cratère éteint des mamelles, les sculpteurs sont Coréens. Mais le pays est sous contrôle du FMI et le Trésor ne peut être sollicité pour la réalisation de ce rêve de Grandeur. C’est là qu’il faut chercher la justification de l’intervention de l’opérateur immobilier Mbakiyou Faye, qui va financer pour le compte de Maître, la STATUE coréenne des Mamelles.
Mbackiyou a dépensé pour Un milliard deux cent millions, l’acquisition de Trente hectares de terrain, valant au moins, au cours du moment, soixante milliards de francs CFA.. La STATUE coûte entre neuf et quatorze milliards et Mbackiyou a déjà les vingt sept milliards de l’IPRES dans les poches. Il s’en sort alors avec un bénéfice d’au moins treize milliards, en attendant de trouver acquéreur des dix huit hectares qui lui restent.

Mais pourquoi le Maître a choisi cet opérateur pour l’enrichir aussi illicitement ?
Mbackiyou répond que c’est parfaitement légal puisque il a payé aux Coréens au nom de l’Etat, qui en retour lui a remboursé sa créance par DATION.
Pourquoi l’Etat n’a pas traité directement avec l’IPRES, en lui offrant Trente hectares contre Quatorze milliards ?
Dans un autre pays de démocratie avancée ce genre de manœuvre coûte la DESTITUTION de son auteur.
Il a dit DATION, c’est une imposture car avant les libéraux, ce type d’acquisition de biens par l’Etat n’existait pas dans notre arsenal juridique.
D’ailleurs l’Etat du Sénégal n’est jamais intervenu dans cette histoire de Statue et Maître Wade a agi sans délégation, ni pouvoir pour réaliser son Projet.
Ils ont dit DATION, se référant à une législation française, initiée, si je ne me trompe, par Mr André Malraux, Ministre de la culture du Général DE GAULLE, pour résoudre le problème des droits de succession des artistes célèbres(Cézanne, Picasso, Chagall etc) qui laissaient des œuvres importantes. Cette loi permettait ainsi à leurs héritiers de payer la créance de l’Etat par une compensation prélevée sur leurs œuvres .Le Ministre avait imaginé cette solution pour enrichir le patrimoine national des Musées français. Dans le droit civil français la Dation en paiement est préconisé comme modalité d'extinction d'une obligation qui suppose au moins deux conditions, en ce qui concerne notre cas:
--l'existence d'une dette à payer,
--la propriété de la chose objet du paiement par le débiteur.
Dans le cas de Mbackiyou, au moment où il recevait les terres de YOFF, l'Etat du Sénégal ne lui devait rien du tout. Et pour la chose objet du paiement, c'est à dire la Statue,elle n'a jamais appartenue à Mbackiyou.
Ce qui veut dire que cette opération n'a aucun fondement juridique.
Une telle disposition est donc prévue en droit public, fiscal, pour payer en nature une créance de l’Etat et elle n’est pas prévue pour que l’Etat rembourse une dette. Les procédures budgétaires n’autorisent pas le troc, ni la contraction qui est l’affectation d’une recette à une dépense spécifique.
Ce qui s’est passé avec Mbackiyou Faye est un détournement de biens publics et lorsque l’opération s’appuie sur la mise en danger du financement des retraites de l’IPRES, cela devient un crime, digne des procédés de la MAFIA.
Les moyens utilisés ternissent le nom et la réputation de son initiateur et la valeur de la Symbolique de la STATUE.

• Je ne veux pas revenir sur tous les dossiers que j’ai traités dans mon blog, mais je voudrais en rappeler certains qui sont encore actifs
:
 L’Aéroport de NDIASS : cet ouvrage qui devait être terminé au plus tard en 2011 connaît encore des retards incompréhensibles. Mais l’inquiétante interrogation demeure le renchérissement de son coût qui dépasse actuellement de très loin les estimations de base qui ont justifié la nécessité de son édification et l’attribution de sa construction à Bin Laden.
Le constructeur avait fait une offre de cent soixante cinq milliards, au moment de l’adjudication de ce marché, offre réaménagée à cent vingt six milliards pour faciliter la transaction avec Bin Laden, en écartant définitivement l’autre candidat qui n’était qu’un faire-valoir. Le financement de Deux cent trente cinq milliards obtenus avec Bnp-Paribas, avec la garantie de la RDIA, autour de BMCE, avait semblé plus que suffisant pour boucler ce projet. Mais plus le temps passe, plus les besoins semblent s’accroitre et en Décembre 2010, la BAD annonçait l’octroi d’un prêt de quarante cinq milliards et la recherche de fonds additionnels estimés à quatre vingt dix milliards. En définitive, et au jour d’aujourd’hui, cet aéroport estimé au moment de l’élaboration des justificatifs à cent quatre vingt milliards, se situe au palier de Trois cent soixante dix à trois cent quatre vingt milliards. Et le plus scandaleux dans cette affaire est que le compte séquestre qui est le réceptif théorique de la RDIA n’est plus sécurisé depuis que l’Etat du Sénégal est devenu actionnaire exclusif de l’AIBD.sa.
Dans tous les cas les comptes qui sont tenus et publiés sur la RDIA posent beaucoup plus de questions qu’ils n’éclairent sur leur transparence.
Puisque c’est l’Etat du Sénégal qui est le propriétaire de la Société de Projet, la responsabilité du Ministère de l’Economie et des Finances est engagée dans la garantie de la sécurité des fonds collectés et séquestrés dans un compte bancaire privé. Le régime spécial conféré à AIBD .sa, ne doit pas pouvoir la soustraire à son contrôle, surtout lorsqu’on connaît le rôle obscur que continue de jouer l’APIX, en se substituant illégalement aux vraies autorités désignées pour diriger AIBD.sa !!!
On va encore se retrouver dans le schéma de l’ANOCI où des milliards ont été dilapidés sans aucun contrôle, impunément.

 L’autre dossier actif dont j’ai parlé est l’Autoroute à péage :
En parlant de l’Autoroute en Septembre 2008, je m’étonnais que l’Etat puisse continuer à chercher un partenaire stratégique qui n’aurait à fournir qu’ un apport de quarante sept milliards sur un projet alors estimé à deux cent quatre vingt milliards, pour obtenir une concession de vingt cinq ans.
L’appel d’offre lancé le 2 Avril 2007 n’a finalement abouti qu’en juillet 2009, à la désignation du Groupe EIFFAGE, qui obtient une concession de trente ans pour un BOT sur la deuxième phase de vingt kilomètres, Pikine-Diamenadio
L’apport du groupe, qui est de cinquante huit à soixante et un milliards a été obtenu grâce à la BAD, à l’AFD, à la BOAD et à la CBAO, sous la coordination de la Banque Mondiale, et l’assistance de la Banque Rothschild, pour le prêt privé de quarante milliards.
En septembre 2008, le projet était estimé à environ deux cent quatre vingt milliards, mais en fin de compte, en 2010, il a été bouclé à trois cent quatre vingt milliards , dont trois cent vingt provenant de l’Etat du Sénégal et de ses partenaires directs.
Le financement de la dernière phase, d’un peu plus de cent cinquante milliards, comprend ainsi plus de quatre vingt dix milliards du Sénégal destinés uniquement à la prise en charge des impenses et à la restructuration de Pikine et du dépôt de mbeubeuss, et les soixante milliards privés, qu’EIFFAGE va utiliser pour terminer les travaux de l’autoroute.
Je ne voudrais pas m’étendre sur cette adjudication si tardive, mais la pression des amis français ne doit pas être étrangère à ce fait appuyé notamment par l’Agence Française de Développement (AFD).
C’est la moindre des choses entre compatriotes !!
En tout cas la contribution Sénégalaise à cette deuxième phase, d’environ Quatre Vingt Dix Milliards de francs CFA, va encore être gérée par l’ APIX, en toute souveraineté.
Dans le cadre des "sucreries" pour enfant gâté, on ne peut pas occulter toutes ces Sociétés et ces affaires montées avec des hommes d'affaires sénégalais ou avec les amis arabes, indiens ou iraniens et dans lesquelles la Famille possède les plus grands intérêts: Le Port de Dakar avec DPW,la ligne maritime Dakar Ziguinchor, certains services de l'Aéroport LSS, la Disez, Senbus, les Mines d'or de SOBODOLA, la MIFERSO et tout dernièrement la compagnie aérienne Sénégal Airlines, ou encore Dangoté Sénégal, avec ses projets de cimenterie et de fabrique sucrière.
Dans ce lot des arrangements juteux, il faut rappeler la désastreuse privatisation de la Sonacos en 2005, au cours de laquelle le Sénégal a cédé à Advens, cette société qui gérait la filière arachidière, de laquelle dépendait au moins 40 % de la population Sénégalaise. Sous prétexte que la Société était un gouffre pour les finances publiques, elle fut "bazardée"à cinq milliards de francs , au moment où l'Etat s'engageait à soutenir le prix de l'arachide pour cette campagne, à hauteur de neuf milliards, et le Plan Social consécutif à la privatisation pour quatre milliards. L'Opération a été pour l'Etat, une perte sèche de plus de huit milliards. Mais l'hystérique vient du fait que le fondateur d'Advens n'est autre que Mr Abbas Jaber, un franco-libano-sénégalais, très lié à la Famille Wade, qui l'a défendu dans sa conquête de rachat de la société Dagris, et à qui elle a offert la concession de Transrail. A l'époque de la privatisation de la SONACOS, la BMCE qui est intervenue dans le processus a fait verser des frais d'intermédiation à des pontes coutumières des faits et bien connues pour ce genre de racket. Aujourd'hui la SUNEOR a fait, par exemple pour la campagne écoulée, d'énormes bénéfices se situant à des milliards, alors qu'elle emprunte seulement douze milliards pour couvrir les besoins de la campagne actuelle qui s'élèvent au moins à quarante milliards.Dans cette scandaleuse cession, il faut regretter l'oubli de l'important patrimoine foncier qui à lui seul vaut plusieurs milliards et qui est aujourd'hui hypothéqué par JABER pour financer la campagne.
Des milliards, des milliards et des milliards, avec l’alternance, on a le vertige. Il n’est donc pas si étonnant d’entendre parler de ces valises d’euros et de dollars distribuées à tour de bras, ces maisons de plusieurs milliards achetées ici et ailleurs, ces comptes secrets disséminés dans les paradis fiscaux, ces résidences de vacances de Sindou, de la Somone , de Popenguine , de Saly , de Pointe Sarène et même de Saint –Tropez.

Peut-être que les gens auraient été plus tolérants à l’égard de ces parvenus s’ils avaient été humbles et respectueux à l’égard du peuple sénégalais.
Mais le régime libéral ne possède aucune culture démocratique, comme bon nombre de sénégalais pour qui le Pouvoir est l’incarnation de la souveraineté.
Le Sénégalais est devenu un sujet, comme du temps de la colonisation et il n’a plus aucun droit et chaque parcelle de sa liberté lui est octroyée par le Pouvoir ; la générosité du Chef de l’Etat est la seule source de l’action gouvernementale et les populations la sollicitent directement pour obtenir une route, une école, un poste de santé et il est le seul bienfaiteur de la Nation. C’est le Chef de l’Etat qui règle tous les conflits et c’est lui seul qui a le pouvoir de décision sur tout et ce pouvoir discrétionnaire est sans limite.
Les caciques qui entretiennent cette idée lui font croire que tout est possible, pourvu seulement qu’il le veuille. C’est ainsi qu’il faut comprendre tous ces redécoupages administratifs à la veille des élections présidentielles, avec comme seul objectif, retirer à l’opposition la gestion des collectivités locales qui leur a été confiée par le peuple. Nos dirigeants utilisent ainsi le Pouvoir pour s’imposer au peuple et lui imposer son diktat, pour perdurer.
Mais le nouveau drame est que le Maitre devenu trop vieux a cédé une grande partie de son Pouvoir à son fils, d’abord en lui confiant quatre ministères majeurs mais surtout en lui aménageant des fonctions non écrites qui en font son parfait substitut. Aujourd’hui le Père ne peut prendre aucune décision sans consulter son Fils qui gère en réalité l’ensemble des affaires du pays. Dans ces conditions il est évident que réélire le Maitre en 2012, c’est confier le Pays au Fils, sans la responsabilité qui accompagne la fonction, parce qu’il n’aura jamais à rendre compte. La trouvaille du vice- président élu ne pourrait pas sauver ce régime de la débâcle en 2012, si elle est adoptée, et son retrait définitivement consommé, ne fera que précipiter la chute.
voir la suite dans la deuxième partie: QUE FAIRE