dimanche 8 juin 2008

AH CES ASSISES

Pour ce lundi 9 juin 08, l’article de Babacar Justin Ndiaye paru dans le populaire du 5 juin 2008 et intitulé « Sérum politique », aurait une place de choix dans cette rubrique du Front Patriotique. Notre compatriote, toujours si objectif et si pertinent, est cette fois encore si patriote et si engagé pour la République et la Démocratie, que sans hésitation je le proclame membre d’honneur du FRONT PATRIOTIQUE.

Aussi, c’est sans honte que je vais enfourcher son destrier pour disserter sur les Assises qui semblent diviser le pays en deux camps sourds et aveugles. Cependant je n’ai pas la froideur intellectuelle de Monsieur Babacar Justin Ndiaye parce que je vais prendre partie.
Tous les jours les amis et connaissances que je rencontre me demandent avec insistance si j’ai participé à la cérémonie d’ouverture des Assises. Quand je réponds négativement, je lis sur leur visage surprise et déception, car ils sont tous persuadés que ce genre de forum correspond bien à mon état d’âme actuel. Pour eux les Assises sont faites pour les experts qui ont leur mot à dire dans la manière dont les grands dossiers nationaux sont élaborés et conduits par le régime libéral. Mais en est il ainsi en réalité dans l’esprit des promoteurs et dans les faits ? Je ne saurais dire.
Par contre on peut affirmer sans risque de se tromper que le succès du concept et de l’évènement est dû en grande partie au tapage médiatique contrarié du Président et de son camp, affolés par l’imminence d’un évènement considéré jusqu’à lors comme improbable.
J’ai rencontré et discuté par hasard avec un officier général qui n’a pas pris part aux Assises. Nous nous sommes demandés ce qui pouvait bien unir ce monde aussi disparate : qu’est ce que Dansokho, Niasse, Bathily et Ousmane Tanor Dieng avaient de commun politiquement ? Leur opposition à Wade et leur exclusion du jeu politique par suite de leur boycott électoral, certainement. Qu’est ce qui pouvait justifier le compagnonnage de ce quatuor emblématique avec ces jeunes loups que sont Talla Sylla et Cheikh Bamba Dieye ? Que font là ces ONG, ces syndicats, la Société Civile, le Patronat, des intellectuels comme Amadou Makhtar Mbow ou Penda Mbow mais surtout ces officiers généraux à la retraite qui ont déjà tout donné à leur Patrie ? N’est ce pas là tout le Sénégal réuni, sauf bien entendu le Président et ses partisans ? Il y a donc un vrai problème qui va au-delà des partis, des personnes et des idéologies, un problème qui interpelle toute la Nation Sénégalaise et naturellement le Premier d’entre nous, Maître Abdoulaye Wade, Président de la République : le Sénégal est malade des excès et des dérives du pouvoir bien plus que du marasme et de la situation économique du monde.
Les réactions du Camp du Président et du Président lui-même sont disproportionnées par rapport à l’évènement, surtout lorsqu’on a affirmé quelques temps auparavant n’éprouver aucun intérêt pour les Assises ; elles indiquent malheureusement un manque évident d’esprit républicain et justifient largement la tenue de ces Assises. Le régime n’a rien à craindre dans l’immédiat de cet exercice d’exorcisme puisque les prochaines joutes électorales nationales se situent à l’horizon 2012.C’est vraiment délirant d’imaginer derrière ce show une tentative de déstabilisation ourdie par une main étrangère !!! L’intelligence aurait donc été pour le Gouvernement d’ y envoyer des délégués et de recueillir les recommandations des travaux pour en faire un Plan d’action pour réorienter sa politique ou organiser sa riposte en direction de l’opposition, selon sa bonne foi.
La chasse à l’homme et à la sorcière ouverte contre certains participants, constitue une violation flagrante contre la liberté ; l’exclusion de certains d’entre eux des espaces d’intérêt dans lesquels ils évoluaient, sapent le principe républicain de l’égalité des citoyens devant la loi, les emplois, les marchés, l’usage et la jouissance des biens publics. Faire comme si la citoyenneté se mesurait à l’aune de l’amour que l’on porte à Abdoulaye Wade ou à l’attachement que l’on manifeste au PDS et à sa mouvance alliée, c’est manquer de culture démocratique et ravaler notre pays au rang de jungle.

Je suis un des douze membres fondateurs du Club Prospective 2012 et je peux vous assurer que depuis plusieurs années cette association fait le diagnostic des problèmes de notre pays, par une analyse thématique des différents domaines de développement économique, politique et social ;elle a identifié les forces et les faiblesses de nos systèmes et tracé quelques cheminements vers le Sénégal de 2012. La perspective est très lourde d’incertitude et de menaces. Bien sûr cette action patriotique n’est dirigée contre personne parce qu’elle concerne un groupe d’hommes libres que seul l’intérêt du Sénégal réunit.
Malgré des divergences d’appréciation et de vision sur beaucoup de questions majeures avec le Président, je continue de considérer Maître Abdoulaye Wade comme mon ami. C’est donc à ce titre que je lui lance cet appel pressant de « cessez le feu ». Je lui demande de rappeler sa meute et de calmer le jeu car les invectives et autres gesticulations des guerriers de son camp ne peuvent que créer le désordre et entretenir inutilement la tension sociale.
Le Président doit considérer ces Assises comme une simple plateforme de réflexions dont il devra recueillir les résultats. En attendant il devra porter une attention toute particulière à la situation si difficile que traverse le Sénégal notamment ses couches les plus démunies. Un grand homme se reconnaît par sa capacité à se remettre en question et à accepter ses erreurs ; je lui suggère froidement de se poser la question de savoir ce que le régime libéral a pu faire pendant ces huit ans pour corrompre si profondément la République et la Démocratie et pousser tous ces hommes libres vers ces Assises de l’espoir ou peut-être de l’illusion.
Dans ce pays, Monsieur le Président, il existe des patriotes compétents dans leur domaine, sérieux, travailleurs et incorruptibles qui sont prêts à aider à redresser la barre, mais aussi à sacrifier leur vie, pour que le Sénégal vive dans la paix, la prospérité, la liberté et la démocratie. Les généraux et les officiers supérieurs à la retraite font partie de cette race et méritent du respect
Le Président doit tenir compte de tout cela et se rendre à l’évidence que c’est la médiocrité qui s’achète le plus facilement du fait que c’est le statut qui s’acquiert le plus naturellement, dans la paresse, l’indolence et le verbiage qui caractérisent aujourd’hui cette société sénégalaise qui a perdu tous ses repères et toutes ses références. Les hommes de valeur, il faut aller les chercher et les convaincre.

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